vendredi 4 octobre 2013

Venezuela, censures et éviction du journaliste Mario Silva

L’INFORMATION SUR LES PÉNURIES ASSIMILÉE À DE LA “PROPAGANDE DE GUERRE”

Et éviction de Mario Silva 
de la chaîne d'Etat VTV  

Par RSF et notes de Libres Amériques
 
La Conatel est l'équivalent de notre Conseil supérieur de l'audiovisuel au Venezuela, cet organisme est devenu l'une des clefs de voute sur les médias du pouvoir national populiste bolivarien et de nouveau la télévision privée Globovision est l'objet de procédures juridiques. L'objet n'est pas en soit de crier à la censure pour cette télévision d'information, parce que Globovision est ce que l'on peut faire de pire en matière d'information et le nombre des infractions commises par ce média depuis plus dix ans dépasse l'entendement. Mais il y a, à s'inquiéter plus largement du climat de plus en plus tendu et avec des accents paranoïaques, de plus en plus pathétiques, du président Nicolas Maduro élu au début de l'année 2013. 

Comme "au bon vieux temps" des pires heures du régime soviétique, il ne reste plus que l'Humanité : "Le président vénézuélien a expulsé trois diplomates nord-américains, accusés, preuves à l'appui d'ingérence flagrante dans les affaires et les choix politiques du pays: contacts avec l'opposition, conseils en déstabilisation, aide matérielle aux saboteurs, manœuvres contre-révolutionnaires dans l'Etat de Bolivar."

Et quelques gazettes en ligne néo staliniennes (se confondant parfois avec l'extrême-droite négationniste, les fameux "rouges-bruns") pour nous abreuver d'une énième ou nouvelle campagne contre le président vénézuélien, dans le plus pur style des années de la guerre froide, quand les Etats-Unis et l'URSS étaient en concurrence pour la suprématie sur le monde. 

Hé oui, il reste encore des allumés pour analyser le monde selon un regard datant d'un temps que "les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître"... (depuis la chute du mur de Berlin, à minima) mais nourrissant une attitude ayant à voir avec une logique  méritant une attention certaine, le discours.

C'est à se demander s'il n'existe pas en réalité une crise de leadership entre les présidents Correa, Morales et Maduro et le très problématique président Ortega du Nicaragua ?

La perte plus que significative de Chavez a laissé une place vide, et chacun illustre son petit tableau par des coups de boutoirs médiatiques et les éclats ne font que s'enchaîner depuis depuis quelques mois, au point de perdre toute crédibilité à l'internationale et non en raison de la presse dominante, mais bel et bien en raison d'un concours pour celui qui prendra la place du défunt dans l'annonce des attaques multiples, voire multidimensionnelle de l'empire...

Cette logique n'est pas nouvelle et n'est plus l'annonce d'une décomposition, mais bien la décomposition des régimes de la gauche dite "radicale", en un jeu qui finalement cache les manques et insuffisances de ces pouvoirs, et surtout souligne le double discours et la manipulation, qui ne fait pas l'ombre d'un doute. A être trop vertueux et à se victimiser en permanence, nous retrouvons là des symptômes pathologiques divers et variés, au plus court une psychorigidité, qui a pour nom la paranoïa comme discours rassembleur, un très vieil argument de propagande et  fonctionnant à merveille ces temps-ci et pas seulement du côté de Caracas.

C'est ce qu'ils assimilent à "de la propagande de guerre", sachant que cette terminologie est aussi un jeu ouvert à toute les propagandes et un grand retour en arrière dans lequel certains aiment à se vautrer. Si propagande, il existe sans aucun doute, elle est aussi le produit d'une contre propagande et revient à faire de même, comme "au bon vieux temps" pour certains de l'affrontement entre les deux blocs.

Récemment, une blague de potache avec un enregistrement sonore a fait croire à quelques crédules que le président Chavez s'était manifesté d'outre tombe, dénonçant les traites qui autour de lui aurait trahi son héritage et serait aujourd'hui à la tête du Venezuela. Et cela a produit son lot de commentaires sur une énième déstabilisation du régime, fermons la parenthèse...

L’INFORMATION SUR LES PÉNURIES ASSIMILÉE PAR LE POUVOIR À DE LA “PROPAGANDE DE GUERRE” par RSF

Coutumière des procédures administratives, la chaine Globovisión est à nouveau dans le collimateur de la Commission nationale des télécommunications (Conatel) depuis le 30 septembre 2013. Elle risque une amende à hauteur de 10 % de ses revenus annuels pour avoir diffusé des informations relatives aux pénuries (aliments, électricité, etc.) affectant actuellement le pays et sa presse écrite, surtout locale, en manque de papier.

 Invoquant la loi de responsabilité sociale en radio et télévision et médias électroniques (Resortemec), le président Nicolás Maduro avait précédemment assimilé les informations relatives à ces pénuries à de la “propagande de guerre”. 

Selon lui, “susceptible de répandre la panique parmi les citoyens” (selon les termes de la loi) et incitant ces derniers à “l’achat compulsif”. Des arguments du même type avaient déjà utilisés dans le passé pour imposer la censure généralisée dans une affaire de contamination présumée d’eau potable (lire l'article).

“Une fois de plus, une loi mal formulée suffit à justifier les injonctions du pouvoir exécutif en faveur de la censure. Ainsi, la seule évocation des pénuries revient à ‘déstabiliser le pays’ et ‘paniquer une population’ qui serait trop ignorante pour ne pas apprécier d’elle-même la situation. 

Ainsi, le pouvoir exécutif s’arroge le droit de décider ce qui est d’intérêt public et ce qui est médiatiquement tolérable. 

Cette censure est d’autant plus grave que les citoyens vénézuéliens n’ont même plus la possibilité de la contester dans le cadre du Système interaméricain des droits de l’homme (CIDH, lire le billet d'Amnesty International France), dont le Venezuela s’est retiré le 10 septembre dernier. 

Les médias vénézuéliens auraient-ils pour seule vocation de relayer des cadenas (annonces officielles) ?”, s’interroge Reporters sans frontières.

Cet épisode constitue un nouveau revers pour les rédactions alors qu’elles affrontent des difficultés à la fois économiques et politiques.

Au plan économique, la pénurie de papier force, en effet, un certain nombre de journaux à diminuer et même à suspendre leur distribution. Tel est le cas des quotidiens Diario El Sol de Maturín et Antorcha de Anzoátegui, absent des kiosques pour une durée illimitée depuis le mois d’août. 

Plusieurs journaux ont réduit leur nombre de pages, comme El Impulso de Barquisimeto, et d’autres ne sortent plus que certains jours, comme La Prensa de Anzoátegui, qui a abandonné son édition du weekend.

Au plan politique et administratif, le président Nicolás Maduro a annoncé, le 10 septembre, la prochaine imposition de deux cadenas obligatoires quotidiennes à tous les médias audiovisuels. Utilisées abusivement à des fins de propagande, les annonces officielles n’ont jamais fait l’objet de la moindre régulation quant à leur fréquence, leur durée et leur contenu.

Certaines fermetures administratives de radios influent sur ce climat général préoccupant. Dans l’État d’Amazonas, quatre stations – La Voz del Orinoco, Chamánica, La Deportiva et Impacto – ont cessé d’émettre au cours du mois de septembre sur intervention de la Conatel. 

Dans ces quatre cas, les reprises de fréquences ont été accompagnées de confiscation de matériel.

Brèves de Libres Amériques : Mario Silva remercié !

Mario Silva était un journaliste très proche de Hugo Chavez et travaillant pour la chaîne d'Etat Venezolana de Television ("la ocho" ou la huitième), ce dernier a été remercié et n'a plus son émission la "Hojilla" (la lame de rasoir). Qui était une des émissions les plus populaires du pays.

L'éviction de celui qui fut le présentateur phare du régime chaviste est intervenue suite à la diffusion d'un enregistrement sonore entre Mario Silva et un officiel cubain (en espagnol), où il était fait part de faits de corruption et d'enrichissement du Président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello (le poids lourd du Psuv). 

Selon Mario Silva cette bande que l'on trouve sur internet serait "un montage", avait-il déclaré suite à la mise en ligne à cette information en mai 2013. Il a été remercié le 28 mai 2013.

Par ailleurs, si Reporter Sans Frontières a connu, au Venezuela une très mauvaise presse et au delà, depuis le départ de son obscure président Robert Ménard, depuis ce changement, le travail fait par RSF bureau des Amériques n'est plus l'objet d'informations partiales ou contestables, comme ce fut le cas, il y a maintenant plusieurs années. 

Dernier point sur la concentration des médias au Venezuela : il est à la fois difficile d'affirmer que le gouvernement ne dispose pas de moyen pour informer (presse, radio et TV) et que l'opposition n'aurait plus d'appui de certains médias. 

Le paysage audiovisuel a changé et l'on peut présumé que l'autocensure doit régné. Mais attention les médias privés sont encore dominant, mais évincer de VTV un personnage tel Mario Silva est un indice de plus de la fermeture du régime et sur ses divisions, et des inquiétudes qui doivent se manifester depuis l'arrivée de Nicolas Maduro au pouvoir sur certaines dérives autocratiques et propagandistes.