jeudi 19 septembre 2013

Brésil, envoi de l'armée contre le peuple Munduruku ?

Les Munduruku 
sous la menace 
des militaires au Brésil

Par Icra International

Des avions et des troupes de la Force Nationale ont effectué plusieurs sorties au dessus de Jacareacanga, une municipalité du sud de l'état du Pará, pour garantir l'entrée de 130 techniciens sur le territoire Munduruku pour y effectuer des études en vue du programme hydro-électrique de São Luiz do Tapajós et de Jatobá. Selon les représentants du peuple MUNDURUKU, les troupes effectuent des exercices de guerre, avec des vols en rase-mottes et des positionnements en des points stratégiques de la ville. 


L'envoi des techniciens et l'opération de la Force Nationale sont un manquement à l'accord passé entre le gouvernement fédéral et les Munduruku. Après que ce peuple ait détenu trois chercheurs qui se trouvaient dans leur territoire au début du mois de juillet, le gouvernement avait suspendu les études jusqu'à ce que la réglementation du droit à la consultation préalable des peuples affectés, conformément à la Convention 169 de l'OIT, soit établie. Mais cela ne s'est jamais produit.
 
Cependant, malgré l'accord, les études ont été reprises. Pendant la réunion des caciques et des représentants Munduruku, début août, le maire de Jacareacanga, Raulien Queiroz, du PT, avec la participation de forces policières et institutionelles, a décidé la destitution des principaux dirigeants de l'Association Pusuru. De plus, il a interdit toute manifestation contre la construction des usines hydro-électriques sur le fleuve Tapajós.

Quatre jours après cette rencontre à Jacareacanga, dénoncée par les Munduruku comme une manière de fragiliser l'organisation interne de l'association indigène par un mouvement orchestré par le gouvernement fédéral, le secrétaire exécutif adjoint du Ministère des Mines et Énergie, Francisco Romário Wojcicki, a signé un document envoyé à la présidente de la Funai, Maria Augusta Assirati, pour l’informer de la reprise des études sur le fleuve Tapajós.

 

Dans ce document, Wojcicki informe que des représentants des ministères des Mines et Énergie, de la Planification, du Budget et Gestion, de la Justice et du Secrétariat Général de la Présidence de la République, organisme responsable de la réglementation de la Consultation Préalable, ont décidé la reprise des études le 10 août. La Funai a juste été informée de la décision et ces études se poursuivront jusqu'au 10 septembre, avant une seconde étape qui se déroulera entre le 15 septembre et le 20 novembre.

Il n'est pas précisé si les techniciens entreront ou non dans le territoire Munduruku. Mais cela n'a pas empéché la présidente de la Funai d'affirmer que les études seront faites hors du territoire indigène. Aucun des deux documents ne cite la présence de la Force Nationale.

 

“Les chercheurs entrent dans notre territoire, mais même si ce n'était pas le cas, les usines vont affecter notre territoire, ce n'est donc pas une excuse valable. Le gouvernement n'a pas respecté notre accord et veut imposer ce projet malgré nous. Nous allons résister”, affirme Maria Leusa, l’une des responsables de la communauté. 

Elle rappelle également que les Munduruku n'ont jamais été consultés au sujet de ces projets. 
 
La première partie des études, communiquée à la Funai par le Ministère des Mines et Énergie, aura lieu entre les municipalités de Jacareacanga et Trairão (usine de Jatobá), et la deuxième partie entre les municipalités de Itaituba et Trairão (usine de São Luiz do Tapajós).

“Il est impossible que les chercheurs ne passent pas sur nos terres. D'ailleurs, tout ici est notre territoire et nous le revendiquons. Si ces usines sont construites, nos villages seront innondés. Nos lieux sacrés seront innondés. C'est donc absurde de dire que les techniciens n'entreront pas sur nos terres. La Funai devrait avoir honte” déclare Maria Leusa.



Tapajós - ou le coût de 7 barrages (en VO)



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Source : ICRA International