vendredi 16 août 2013

Colombie, 35 peuples amérindiens menacés de disparition

 Les autochtones, 
entre la faim, 
la violence et l’oubli 
en Colombie

Par la rédaction politique d’El Tiempo (Colombie) - Traduction de Libres Amériques

Selon la Cour Constitutionnelle, 35 peuples autochtones de Colombie font face à un risque imminent de disparaître  physiquement et culturellement, les experts parlent sur les réalités des communautés amérindiennes, qui sont lamentablement en train de perdre leur culture. Selon le sénateur, Monsieur Avirama, s’exprimant au sujet les peuples originaires en Colombie : «  Les guérillas les accusent d’être des informateurs de l’armée, pendant que les troupes d’être les collaborateurs des guérilleros ».

Monsieur Gabriel Muyuy, directeur du Programme Présidentiel pour les Peuples Autochtones, explique que la situation « est critique par manque de sécurité alimentaire et en raison de la présence des acteurs illégaux sur leurs territoires ; des cultures illicites et le narcotrafic ; de la faible présence institutionnelle ; parce que les projets de politiques publiques n’arrivent pas avec détermination, et critique aussi, parce que quand les phénomènes (climatiques) les touchent, leur éloignement (géographique) rend difficile une intervention rapide. »

Madame Juvenal Arriesta, secrétaire générale de l’Organisation nationale des populations originaires ou natives de Colombie (ONIC acronyme en espagnol), définie la situation des populations originaires dans le pays comme « préoccupante et invisible ou rendue invisible », de plus souligne-t-elle que déjà 2009 « la Cour Constitutionnelle avait déclaré, qu’il y avait 35 peuples face à un risque imminent de disparaître physiquement et culturellement ».

Les populations autochtones font face à un risque transversal : le conflit armé, pour lequel ils ont semblé en plusieurs occasions être des invisibles aux yeux de beaucoup de colombiens. Cependant, d’autres menaces les guettent comme le manque de sécurité alimentaire et le risque de voir disparaître leur culture.

Ces peuples souffrent des plus grandes difficultés en matière de sécurité alimentaire, spécialement les enfants des peuples EMBERA et WOUANAN de la région du Choco, où si la dénutrition ne les tue pas, elle réduit leur capacité physique et intellectuelle pour vivre.

Dans le département de La Guajira, à Uribia et Manaure, les problèmes alimentaires des Wayúu se mêlent au manque d’eau. En Amazonie, les amérindiens Coreguajes aussi affrontent des difficultés alimentaires.

Les chiffres manquent

Dans les rapports officiels, il n’existe quasiment jamais de données actualisées, en bon ordre quand les enfants meurent, ils sont simplement enterrés en quelques lieux herbacés. Il n’existe pas d’acte de décès.

Mais ce n’est pas seulement la violence et la faim qui touchent les peuples natifs. Parmi les grandes tragédies qu’ils vivent se trouve la disparition graduelle de leur culture et langue. Les plus enclins sont ceux qui ont peu de représentants dans l’Orénoque et l’Amazonie, lesquels courent un haut risque d’être affecté en leurs valeurs culturelles.

Selon Mr Muyuy, 56 peuples d’Amazonie  « courent le risque d’être acculturés et perdre leurs valeurs linguistiques et culturelles, que depuis des millénaires ils ont su conserver ». Surtout ceux habitants dans la zone andine.

En racontant les risques de sécurité, le sénateur amérindien, Monsieur Marco Avirama considère que ces peuples vivant en zones de passage de « la guérilla, des paramilitaires, du narcotrafic, sont le dos au mur». «  Les guérillas les accusent d’être des informateurs de l’armée, pendant que les troupes d’être les collaborateurs des guérilleros ».

L’affaire est très simple. N’importe laquelle de ces communautés - vivant toujours dans des zones éloignées - sont à la merci des armées. En cela, ils sont les victimes fréquentes du recrutement, des menaces, des assassinats et du déplacement.

Mr Avirama dénonce ce qui s’est produit à Puerto Inírida (Guainía), les natifs ont été victimes ces derniers mois d’abus commis par la Garde nationale Vénézuélienne. Selon lui, il y a seulement deux semaines a été assassiné un homme et trois femmes ont été violées sur le territoire colombien, un sujet dénoncé devant la chancellerie (affaires étrangères).

La responsable de l’ONIC explique « trois raisons structurelles »  – basées sur les dires de la Cour Constitutionnelle, pour qui 34 % des peuples autochtones colombiens se trouvent face au danger de disparaître, avec leurs savoirs ancestraux : « le conflit armé avec ses manifestations – le déplacement, les mines antipersonnel, les restrictions aux libertés politiques, les épandages aériens avec du glyphosate, la violence sexuelle et entre autres, le déplacement. »

En deuxième point, « l’appauvrissement structurel » de ces communautés. « Les Nations Unies disent que les autochtones ne sont pas pauvres sinon appauvris par absence d’opportunité, il existe des régions où ne se rencontre pas une école, ni une infirmerie, il existe des zones où ils doivent s’en remettre à la merci », précise Mme Arrieta. Et de plus, nous soulignons, que là où sont les centres éducatifs ou les services hospitaliers, les personnels ne connaissent rien aux différences culturelles. 

En troisième lieu «  le modèle de développement économique et la présence des transnationales en zones autochtones et fait sans consultation. C’est une situation préoccupante et invisible », conclue la représentante de l’ONIC.

Le gouvernement et les peuples

Ce 9 août 2013, le président Juan Manuel Santos a remercié les apports réalisés par les peuples amérindiens au développement  et à la construction de la société et rappela que l’année passée et motivant cette célébration «  nous avons fait les ajustements institutionnels, que nous avons mis en oeuvre dans notre gouvernement pour passer par le chemin signalé de notre Constitution politique et de la réglementation internationale en matière de protection et garantie des droits fondamentaux, collectifs et intégraux des peuples autochtones dans le pays ».

En effet, le gouvernement national met en application ce qui a été accordé par le plan national de développement, en concertation avec les populations autochtones du pays, en matière de territoire, de culture, d’éducation et d’autonomie.

Pour ce qui est de la culture, il a été pris l’engagement de concrétiser le Système éducatif (SEIP), permettant d’administrer l’éducation des peuples originaires. En matière de santé, ils travaillent au projet d’un Système de protection de santé interculturel.

« Une chose très importante est de mettre en avant la politique intégrale pour les peuples autochtones, également en matière territoriale est l’engagement du pays et auquel nous travaillons difficilement avec l’Incoder, pour mettre en avant le plan des terres et des  territoires des peuples autochtones », assure le directeur du programme présidentiel pour les peuples originaires.

Pour l’autonomie, les ministères de l’intérieur et de la justice travaillent pour réglementer la coordination de la juridiction spéciale autochtone et ordinaire.

Aussitôt que les victimes « reviendront en faisant tous les efforts pour une application de la loi décret n° 4.633 de 2011, celle-ci ayant à voir avec la protection et l’indemnisation des victimes du conflit armé en Colombie », déclare Mr Gabriel Muyuy.

Comme il est possible de constater, il existe diverses initiatives en application  devant être listées par l’actuel Gouvernement, avant que ne se termine la période pour une bonne reconnaissance des peuples autochtones habitant en Colombie.

De fait, le 9 août 2013 Madame Navi Pillay, Haut Commissaire de l’ONU pour les Droits Humains, j’appelle les états à plus travailler pour honorer et renforcer les traités soutenant les peuples originaires, sans tenir compte de leurs dates de signature.

«  Même s’ils ont signé ou ratifié cela fait plus d’un siècle, beaucoup de traités continuent d’être la pierre angulaire de la protection de l’identité, de la terre et des coutumes des peuples autochtones, déterminant la relation qu’ils ont avec l’Etat. Qui pour lui sont hautement significatifs pour les droits humains d’aujourd’hui » a déclaré la Haute Commissaire.

Le jour des peuples autochtones

Chaque 9 août, les peuples autochtones ou originaires se font visibles pour rappeler au monde qu’ils se trouvent parmi les groupes humains les plus défavorisés

Le jour International des peuples autochtones du monde, établi par l’ONU, fait hommage aux plus de 370 millions de personnes qui sur la terre représentent 5.000 peuples, dont 670 sont en Amérique latine et 102 vivant en Colombie.

Si ce jour a bien été organisé, il y  19 ans (en 1994), c’était pour rappeler aux gouvernements et à la société sa responsabilité face à la survie et la protection de sa richesse culturelle, la situation dans laquelle les populations autochtones vivent n’a pas changé. Un rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples originaires, Monsieur James Anaya, exhorte les gouvernements à respecter les accords avec ces peuples et d’affronter « les erreurs historiques » commises contre eux.


Source : EL TIEMPO (Colombie)