jeudi 18 juillet 2013

Mexique/France, coopérations et conseil stratégique

Laurent Fabius  
et José Antonio Meade 
célèbrent ensemble 
la fête nationale française

Par le Grand Journal

L’arrivée du ministre au Mexique le 14 juillet 2013 vise à « marquer l’importance de la coopération franco-mexicaine le jour de la fête nationale » française. Ci-après le discours des Ministres des Affaires Étrangères de la France, Laurent Fabius prononcé devant la communauté française. La venue du ministre au Mexique vise à « marquer l’importance de la coopération franco-mexicaine le jour de la fête nationale » française et la « la relance de l’amitié » entre les deux pays, a déclaré le ministre à des journalistes de la presse française au Mexique.

Discours du Ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius

Monsieur le Ministre, Madame l’Ambassadeur, Mesdames et Messieurs, Chers compatriotes, Chers amis,

Il est exceptionnel, dans la vie d’un responsable politique de n’être pas dans son propre pays pour célébrer la fête nationale. C’est mon cas aujourd’hui en ce 14 juillet et c’est un choix car ma présence ici traduit la volonté de la France et celle du Président de la République de célébrer à Mexico le jour même de notre fête nationale, Mexicains et Français réunis, la relation forte entre le Mexique et la France.

Je vois dans votre présence, monsieur le Ministre, cette même volonté. Je vous en remercie tout particulièrement. Votre présence honore et touche mon pays comme elle honore et touche tous les représentants de la communauté française que je salue chaleureusement ainsi que nos amis mexicains.

Fête nationale en France, le 14 juillet est aussi, d’une certaine façon, la fête des Mexicains. Nos deux pays partagent en effet des aspirations communes. Les idéaux de 1789 ont été ceux de plusieurs générations de combattants de l’indépendance et de la liberté du Mexique : le Père Hidalgo, le grand Benito Juarez, qui réunit en lui l’héritage des Lumières et du Mexique (Amér)indien, puis les révolutionnaires de 1910.

L’histoire de nos deux pays est, comme le disait le Président Mitterrand dans son fameux « discours de Cancun » en 1981, celle de deux « vieux compagnons ». Cette complicité nous a toujours rapprochés, même quand la politique ou les circonstances nous séparaient. 

Pour preuve, l’affrontement de Camerone, dont nous venons de célébrer le 150ème anniversaire, qui est devenu une source de respect et de reconnaissance entre nous.

Notre capacité à dépasser les vicissitudes de l’Histoire vient d’une affinité culturelle, comme il en existe peu entre deux peuples. Le penseur humaniste Antonio Caso Andrade en 1924 soulignait que le Mexique est en Amérique latine « ce que la France est en Europe : le point d’intersection de deux grandes cultures humaines ». 

Notre histoire, notre géographie, tout nous apprend que « toute culture naît du mélange, de la rencontre, de chocs  », selon les mots d’Octavio Paz (dont je salue la veuve, chère Marie José Paz). De cela sans doute vient notre passion commune pour les échanges culturels, pour le dialogue des civilisations, en un mot notre attirance réciproque. 

Depuis deux siècles nos artistes, créateurs et penseurs entretiennent un dialogue ininterrompu, à l’image de Frida Kahlo et d’André Breton, de Jules Romains et d’Alfonso Reyes, de Carlos Fuentes et de Jean-Marie Le Clézio.

Communauté de valeurs et intensité des relations culturelles constituent donc deux piliers de notre relation particulière. Rien ne l’illustre mieux que l’histoire de l’Institut Français d’Amérique Latine, la « Casa de Francia », cœur battant de nos échanges culturels, fondé à Mexico par un intellectuel français résistant, Paul Rivet, qui, comme Jules Romains et d’autres, fut généreusement accueilli par le Mexique révolutionnaire lors de l’Occupation nazie.

A partir de cette base et de cette amitié, nous souhaitons ouvrir une nouvelle page des relations franco-mexicaines. Je suis ici pour y travailler avec mon homologue Jose Antonio Meade, avec le Président Pena Nieto et avec vous tous, Mexicains et Français. Le contexte est favorable.

Nos deux gouvernements sont animés par une volonté réformatrice qui nous rapproche. En France, la politique de redressement et de préparation de l’avenir. Ici, le « Pacte pour le Mexique » qui veut libérer le potentiel de croissance du pays, assurer la justice sociale, améliorer la sécurité, renforcer l’Etat de droit et assurer au Mexique toute sa place sur la scène internationale.

Vous pouvez compter sur l’appui de la France, comme nous savons pouvoir compter sur le Mexique. C’est dans cet esprit que le Président Enrique Peña Nieto et le Président François Hollande ont décidé en octobre dernier de créer le Conseil stratégique franco-mexicain. 

Il réunit d’éminentes personnalités de nos deux pays qui ont accepté de mettre leur talent et leur expérience au service du renforcement des liens entre nos deux pays. Certains des membres français m’accompagnent pour cette visite. Je les remercie et j’adresse un salut tout particulier aux deux présidents, le Ministre Jorge Castaneda et l’Ambassadeur de France Philippe Faure.

Au service des priorités de nos deux gouvernements, nous allons travailler dans plusieurs directions d’intérêt commun :

1- Sur le plan politique, les domaines d’application de notre partenariat sont nombreux : la promotion des droits de l’homme ; l’abolition de la peine de mort ; la lutte contre le crime organisé ; le développement de la santé et la recherche des moyens d’accroître la sécurité ; le combat contre le blanchiment et la fraude ; l’inclusion sociale par l’accès aux services sociaux de base et la lutte contre les discriminations ; la lutte contre le changement climatique ; la sécurité alimentaire, en faveur de laquelle nos deux pays œuvrent à l’ONU et sur le terrain.

2- Sur le plan économique, nos relations doivent être fortement développées. La part de marché de la France au Mexique plafonne à 1%, au 4ème rang seulement parmi les Européens. La France n’est que le 8ème investisseur. Pourtant, il y a beaucoup à faire, en nous appuyant sur nos complémentarités. Je pense en particulier à l’aéronautique, figure de proue de ce partenariat renouvelé, mais aussi aux transports, à l’énergie, à la ville durable, à la santé, aux services aux populations, aux NTIC.

J’appelle également les dynamiques entrepreneurs mexicains, qui, je le sais, investissent de plus en plus à l’étranger, à profiter des opportunités en France. La France est la cinquième économie du monde, la quatrième destination d’investissements étrangers. On dénombre 20000 sociétés détenues par des investisseurs étrangers, 32 des 500 plus grandes entreprises mondiales. Au cœur de la zone euro, c’est une porte d’entrée naturelle pour le marché européen et pour d’autres, comme l’Afrique.

J’invite donc les entreprises françaises à participer à cette nouvelle aventure franco-mexicaine et à se mettre dans les pas des célèbres « Barcelonnettes », émigrants français venus chercher – et trouver ! – fortune au Mexique au XIXème siècle. Ils ont introduit de nouveaux savoir-faire et contribué à l’entrée du Mexique dans l’ère industrielle.

3- Notre coopération doit aller au-delà, dans des domaines comme le cinéma, où la France et le Mexique partagent beaucoup. Je suis heureux que le festival de Cannes ait décidé cette année d’honorer un film mexicain (Heli, de Amatescalante, prix de la mise en scène).- Les échanges culturels sont depuis toujours le fer de lance de notre relation. 

Le succès populaire de l’exposition sur Teotihuacán en 2009 au Musée du Quai Branly montre que l’intérêt des Français pour le Mexique est très vif. La présentation à Paris, à partir d’octobre prochain, de la plus grande exposition jamais présentée en Europe des œuvres de Frida Kalho et de Diego Rivera suscite beaucoup d’attentes.

4- Diplomatie, économie, culture : notre relation est faite d’échanges humains que nous devons développer. Construire l’avenir, c’est mettre l’accent sur les contacts entre sociétés, le développement du tourisme, les rencontres entre jeunes, l’éducation, les coopérations universitaires et de recherche. Nous disposons d’un réseau exceptionnel d’Alliances françaises implantées sur tout le territoire et de lycées qui scolarisent près de 4000 élèves. 

Le dynamisme de nos échanges universitaires est remarquable avec 2600 étudiants mexicains en France et 1500 Français dans les universités mexicaines. L’accueil des étudiants mexicains est une priorité pour le gouvernement français, et je vous assure de ma détermination à tout faire pour faciliter leur séjour. 

Nous devons également mettre en place des coopérations durables avec les universités de ce pays. Je confirme notre souhait d’accueillir l’annexe européenne de l’UNAM, sœur mexicaine de la Sorbonne. Notre gouvernement soutient ce projet emblématique. Si cette prestigieuse université le décidait, vous pouvez compter sur notre plein appui pour faciliter son installation en France.

Je pense aussi aux partenariats possibles entre collectivités locales. Je salue, à cet égard, la présence de Michel Vauzelle, Président de la belle région PACA et de Jose Calazada Rovirosa, gouverneur de Queretaro, qui mènent ensemble une coopération exemplaire.

Comparaison n’est pas raison mais je suis tenté de dire qu’entre la France et le Mexique, tout recommence et que, comme au temps du Général de Gaulle, nous voulons marcher à nouveau « la mano en la mano » (la main dans la main)

Vive le Mexique !  Vive la France !
Vive l’amitié entre le Mexique et la France !

Monsieur Philippe Faure, ambassadeur de France


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Source d'origine : Le Grand Journal (Mexique)