mercredi 31 juillet 2013

Haïti, le difficile et long combat des radios communautaires

Pour une meilleure protection 
des 
radios communautaires


Par AlterPresse 

Une plus grande sécurité des radios communautaires est nécessaire en Haïti surtout en ce qui concerne les licences et les droits d’émettre, déclare le vice-président de l’Association mondiale des radios communautaires (Amarc), Emmanuel Boutterin, à la deuxième conférence des radios communautaires de la Caraïbe, débutée ce jeudi 25 juillet 2013 à Port-au-Prince. « Communication sociale, radio communautaire et changement social » : tel le thème de cet événement de deux jours, organisé par la Société d’Animation en Communication Sociale (Saks) et l’Amarc. 

« Une quarantaine de pays dans le monde ont montré la voie (en matière de cadre légal de fonctionnement des radios communautaires) notamment en Afrique, un peu en Europe », rappelle Boutterin dans ses propos d’ouverture de cette conférence, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Le dirigeant de l’Amarc souhaite qu’Haïti aussi montre l’exemple en essayant de trouver une solution qui prend en compte les intérêts de tous les secteurs, y compris commerciaux.

La sécurité financière mais aussi légale

Sept stations de radio et 3 chaînes de télévision à Hinche (chef-lieu du département du Centre) ont été fermées par le directeur départemental du conseil national des télécommunications (Conatel), Pharel Marseille, le jeudi 21 mars 2013, à cause d’un problème de licence.

Plusieurs equipements, dont des émetteurs, de ces stations de radio ont aussi été saisis.

Des mesures doivent être prises pour permettre aux radios communautaires d’avoir des fréquences puissantes qui correspondent aux besoins essentiels pour le développement économique du territoire, souhaite Boutterin préconisant une sécurisation de l’accès à la ressource hertzienne.

La base du travail communautaire est d’émettre pour toutes et pour tous avec une accessibilité facile, ajoute-t-il.

Il appelle à une stabilisation des moyens financiers des radios communautaires qui doivent disposer d’animateurs et de directeurs formés, compétents et sécurisés dans leurs emplois.

Cette mise en œuvre nécessite des moyens financiers qui ne doivent pas relever uniquement de l’aide internationale mais nationale, encourage-t-il avançant qu’ « il en va de l’indépendance même des médias sur le territoire ».

En marge de cette conférence, le directeur de la Saks, Sony Estéus, pour sa part, plaide pour un financement public annuel des radios communautaires afin de couvrir quelques frais pour les jeunes animateurs bénévoles du secteur.

Les radios communautaires font face à un ensemble de problèmes comme le manque ou l’absence d’électricité, indique-t-il, expliquant que cette situation les oblige à fonctionner avec des systèmes solaires et des génératrices nécessitant des dépenses énormes.

Un long combat

En dépit des difficultés rencontrées, les radios communautaires ont créé des brèches en abordant des thématiques liées à la réalité locale, souligne en même temps le responsable du département de communication sociale de la Faculté des Sciences Humaines de l’Université d’État d’Haïti, Ary Régis.

Intervenant à cette deuxième conférence des radios communautaires de la Caraïbe, il estime que les travaux de ces radios ont contribué au processus de démocratisation de la société haïtienne.

Le professeur Régis appelle l’État à garantir les droits des médias communautaires.

Ces échanges vont permettre aux différents membres présents des radios communautaires (nationaux et régionaux) d’accumuler des connaissances nouvelles sur la réalité des radios communautaires, se réjouit Estéus.

Un ensemble de recommandations insistant sur la mise en place d’un cadre légal de fonctionnement pour les radios communautaires seront adressées aux autorités étatiques, à l’issue de ces discussions, annonce t-il.


Source : AlterPresse (Haïti)