samedi 13 juillet 2013

Cuba, droits bafoués des travailleurs à la grève

Le droit de grève 
reviendra-t-il
 à Cuba ?


Par Isbel Díaz Torres 

Nous les travailleurs cubains ne jouissons pas du droit de grève. Ce droit, élémentaire dans tout pays qui se dit démocratique, n’est pas mentionné dans l’actuel (et non actualisée) Constitution cubaine. Mais elle n’exprime pas le contraire pour autant. Certains amis m’ont parlé de la possibilité d’une reconnaissance du droit de grève à propos de la stimulation récente que le gouvernement cubain donne à certaines formes économiques, par définition exploitatrices des travailleurs.

Selon "Diario de Cuba", le gouvernement a déclaré que “si jamais les travailleurs cubains décidaient de recourir à la grève, rien ne pourrait empêcher son exercice”, en rappelant que la législation nationale “ne comporte aucune interdiction (…) et que les lois pénales “n’incluent aucune sanction pour l’exercice de tels droits “. Mais nous savons tous que, dans la pratique, cela est un mensonge. 

 Les administrations, soutenues par la sécurité d’Etat, utilisent tous les ressources possibles pour empêcher que les travailleurs indignés s’organisent pour une quelconque question. La stigmatisation, la manipulation, l’identification avec l’impérialisme, les Etats-Unis, etc., hantent dans les cerveaux des Cubains, et les empêche de se décider. 

De plus, pour “canaliser” les mécontents il y a la Centrale des travailleurs de Cuba. À ce jour, la CTC détient le monopole de la représentation des travailleurs face au gouvernement de l’île, droit conféré par l’article 61 du décret-loi 67 de 1983. Ce droit est préjudiciable à d’autres possibles organisations syndicales.

L’an dernier, le Comité d’experts en application des conventions et des recommandations de l’Organisation internationale du travail (OIT) a appelé les autorités cubaines afin qu’elles modifient cet article afin de garantir le pluralisme syndical. L’OIT a également appelé à reconnaître “expressément” le droit de grève des Cubains, “afin de garantir la sécurité juridique” des travailleurs qui décident d’avoir recourir à lui. Mais cela a été en vain. À notre connaissance, l’avant-projet de loi du nouveau Code du travail n’a pas inclus les suggestions de l’OIT.

La tradition syndicale à Cuba est fertile en expériences syndicales. Entre 1918 et 1919, pour citer un exemple, quatre grèves générales ont éclaté à La Havane où les principaux organisateurs impliqués étaient des anarchistes  de l’époque, parmi eux Marcelo Salinas et Alfredo López. L’une d’elles laissa la capitale sans journaux, ce qui fit que le président Mario García Menocal dû intervenir, et ensuite les travailleurs obtinrent les augmentations salariales exigées.

Mais en 1925, fut fondé la Confédération nationale ouvrière des travailleurs de Cuba (CNOC), qui avait inclus parmi ses principaux accords le droit de grève, un droit finalement reconnu par la Constitution de 1940, dans l’article 71.

Serons-nous obligés, nous les travailleurs, d’attendre la CTC pour obtenir ce droit, une organisation qui a balayé cette tradition ? 

La CTC a décrété que son Secrétaire général devait  être un militant communiste, elle a  permis en 2008 que la loi de sécurité sociale rajoute cinq années pour parvenir à l’âge de la retraite, elle a soutenu l’annonce de licenciements aux “travailleurs disponibles”, et enfin, elle a fait le maximum pour recruter dans ses rangs les chefs d’entreprises indépendantes (les “cuentapropistas”) et leurs employés.

C’est avec ironie qu’on entend des nouvelles dans les médias, où les travailleurs du monde entier (y compris les pays de l’ALBA), se mettent en grève contre les excès de leurs patrons et de leurs gouvernements.

Et pour comble, l’article 13 de la Constitution actuelle de Cuba “accorde l’asile aux personnes persécutées pour leurs idéaux ou leurs luttes pour les droits démocratiques, (…) pour les droits et les revendications des ouvriers, des paysans et des étudiants”… Ces travailleurs étrangers ont plus de droits à Cuba que nous.

Avons-nous besoin de rappeler aux autorités que l’Etat ne nous nourrit pas, mais que nous sommes ceux qui le nourrissent ?

Extrait du bulletin électronique Compendio, 
du réseau Observatoire critique de Cuba : Cliquez ici !




Source : Polémica Cubana