samedi 13 juillet 2013

Colombie, une multinationale canadienne aux mains sales ?

Une compagnie pétrolière canadienne sous examen 
devant un tribunal 
 populaire colombien

Par le CDHAL (Québec)

Une délégation canadienne sur place : A l'initiative du Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), plusieurs représentant-e-s d’organisations sociales et syndicales québécoises et canadiennes participent à une mission de solidarité et d’observation dans le cadre d’une audience destinée à l’examen des pratiques de la pétrolière canadienne Pacific Rubiales Energy (PRE) en Colombie. Cette audience est une étape du Tribunal populaire sur les politiques extractives, organisé par des organisations sociales colombiennes dont l'Union sindical obrera - USO, le syndicat pétrolier national.
 
Pacific Rubiales Energy en Colombie
 
Pacific Rubiales Energy, une société canadienne, est la plus importante pétrolière étrangère en Colombie. Elle produit 40% du pétrole brut colombien et emploie plus de 15 000 travailleurs. Plus de 90% des employés travaillent en sous-traitance, au-deça du salaire minimum de l’industrie du pétrole en Colombie. 

Depuis 2011, un conflit de travail oppose l'entreprise aux communautés vivant près de ses champs pétrolifères ainsi qu'à ses travailleurs. En septembre 2011, en présence de l’ambassade canadienne, PRE et le syndicat de la USO sont arrivés à une entente, qui n'est pas pourtant respectée par l'entreprise.  

En décembre 2012, un travailleur sous-traitant de PRE a été menacé de mort, puis assassiné. Tout porte à croire que ce meurtre soit le résultat de ses activités syndicales. 

L'entreprise a aussi créé une liste des travailleurs affiliés à la USO afin qu'ils ne puissent plus travailler dans la région. Malgré tout cela, le gouvernement canadien refuse d’intervenir davantage auprès de PRE. 

Amir Khadir, un député du parti d'opposition québécois Québec solidaire qui fait partie de la délégation, dénonce cette situation et  demande au gouvernement canadien d'agir auprès de Pacific Rubiales Energy dont le comportement nuit à la réputation du Canada en Colombie.
 
Dave Coles, président du Syndicat des communications, de l’énergie et du papier (SCEP), le plus gros syndicat national, fait aussi partie de la délégation canadienne. «Pacific Rubiales est responsible de la création d'un  violent conflit au sein duquel les travailleurs affiliés à la USO font non seulement face à des menaces et de la violence, mais un d'entre eux a aussi payé de leur vie,” dit M. Coles. 

« Ceci est une tache sur la réputation de toute l'industrie extractive du Canada » continue-t-il, demandant aux politiciens de se « sortir la tête du sable et d'agir en imposant un moratoire sur toutes les concessions extractives en Colombie jusqu'à ce que le pays aie amélioré ses politiques. Présentement, les entreprises extractives exploitent les travailleurs et l'environnement dans une poursuite aveugle de profits».  
 
L’audience de Pacific Rubiales Energy
 
L’audience se tiendra les 13 et 14 juillet à Puerto Gaitan, dans la région où on retrouve les champs pétrolifères exploités par PRE. Des travailleurs et des résidents de la région seront appelés à comparaître afin de témoigner les agissements de l'entreprise. L’ambassade canadienne a décliné l'invitation à assister à l’exercice. 

« Le gouvernement a signé avec le gouvernement colombien un accord de coopération dans le domaine du travail en même temps qu’il a signé l’Accord de libre-échange Canada-Colombie. Cet accord stipule que chacun des États doit incorporer et protéger les principes et les droits reconnus dans le domaine du travail, notamment les droits fondamentaux issus de la Déclaration de l’OIT de 1998 tels que la liberté d’association et le droit de négociation collective, qui inclut le droit de grève. 

Mais, depuis l’entrée en vigueur de ces accords, la situation des droits du travail n’a pas changé en Colombie et la compagnie étrangère pétrolière la plus importante en Colombie est une compagnie canadienne qui se trouve au cœur d'un conflit depuis deux ans. Que fait notre gouvernement? » se questionne Guy Martin, de la Confédération des syndicats nationaux (CSN). 
 
« Non seulement, les droits des travailleurs ne sont pas respectés, mais selon les sources sur le terrain, on observe aussi des violations des droits sociaux, environnementaux et culturels des communautés, notamment autochtones. Les communautés autochtones vivant près des champs de pétrole font aussi partie des plaignants qui seront entendus lors de l'audience » de rajouter  Terry-Lynn Brant de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC). 
 
« Les témoins qui seront sous les projecteurs lors de cette audience sont susceptibles d’être victimes de diverses menaces avant, pendant et après l’audience. C’est pourquoi la présence de la délégation canadienne est très importante, afin de donner une visibilité à ce processus populaire, mais aussi d’assurer la sécurité des témoins » termine Constance Vaudrin, de l’Americas Policy Group (APG).
 
La séance finale du Tribunal populaire aura lieu les 16-17 et 18 août 2013 à Bogota. 
 
La délégation canadienne est constituée de neuf organisations : 

Le parti Québec Solidaire, la Confédération des syndicats nationaux (CSN), le Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP),  l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), Americas Policy Group (APG), le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), le Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL), CASA – Toronto (Colombia Action Solidarity Alliance) et le Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC).