mardi 30 juillet 2013

Chili-Colombie, violation des droits des demandeurs d’asile

Les réfugiés 
Afro-Colombiens 
au Chili



Par Isabel Araya M. - Traduction de Libres Amériques

Les droits des migrants au Chili sont vulnérables. La situation des colombiens noirs dans la région d’Arica et de Parinacota révèle des aspects préoccupants d’un point de vue humanitaire. Touchés par le conflit armé, ils demandent à l’état chilien un refuge, cependant ils sont rejetés malgré les accords internationaux définissant ce type d’action comme une violation des droits de l’Homme au regard des normes internationales pour les migrants et les réfugiés. Être au nord d'un espace frontalier entre le Pérou et la Bolivie, constitue ainsi une « entrée ou une porte de sortie » pour le reste de l'Amérique latine, la région frontalière est devenue un véritable point d'intérêt géopolitique.

Non seulement, avec ces limites (douanières) transitent les flux économiques de capitaux protégés par des accords bilatéraux, mais aussi les personnes parcourant des routes migratoires spécifiques à la recherche d'emplois et de meilleurs projets de vie. 

C'est ce qui arrive aux migrants latino-américains, en particulier les Afro-Colombiens touchés par le conflit armé dans leur pays et cherchant asile auprès de l'Etat du Chili, ils  sont rejetés par celui-ci en dépit des accords internationaux définissant la nature de ces actions comme une violation des droits des migrants et des réfugiés.

Migration Afro-Colombienne et violation des droits de l'Homme

Arica est une ville qui se caractérise par un taux élevé de migrants Péruviens et Boliviens, des hommes et des femmes (d’origine) Aymara venant travaillés comme saisonniers dans les vallées arables d’Azapa ou de Lluta. Leurs conditions de vie sont mauvaises, le paiement de leur labeur est minime et ils vivent souvent dans des pièces surpeuplées et insalubres, sans même avoir de l'eau dans les locaux où ils travaillent.

Pour Hernán Ramírez  - Coordonnateur du  Centre local d’accueil et de protection des Migrants : Il est important de souligner que l'introduction des Etats modernes et du système capitaliste, la relation entre les cultures se caractérise par l'exploitation, à la différence des temps précolombiens, quand il était normal que les autochtones des zones hautes allaient cultivés les dites vallées, sur les mêmes parcours par lesquels actuellement péruviens et boliviens migrent en utilisant les routes ancestrales.

Mais il n'en est pas de même avec la migration colombienne : un phénomène récent déterminé par les conditions politiques de ce pays, un profil des migrants ne venant pas spécifiquement pour travailler dans l'agriculture, mais plutôt échappant à la guerre et cherchant un refuge.

Au cours de ces 10 dernières années, la migration colombienne a considérablement augmenté dans la région d'Arica et le reste du pays, étendant les requêtes et les projections de la migration « traditionnelle », ayant pour répercussion dans des organisations comme le Centre d’Accueil et de protection des Migrants (CAMI), d’élargir son plan d'action devant le manque de réponses de l'État et de commencer à travailler avec des personnes sollicitant pour un asile ou comme réfugié-e-s.

Parmi les demandeurs d’asile, les Afro Colombiens prédominent. Ils viennent de Cali (au sud) et de Buenaventura (au nord de la Colombie) des zones caractérisées par une terrible violence, qui ne permet pas d’envisager les possibilités de protection de la vie de ses habitants et, ce qui est la raison de la nécessité de migrer vers d'autres lieux. Le Chili, en raison de son image et publicité internationale d'être un pays démocratique avec une stabilité économique, a été l'un des pays de préférence des déplacés, cependant après être arrivé sur le territoire national, en plus de faire face à un rejet à leurs demandes d’asile, ils sont confrontés à des hauts niveaux de racisme et de violence, desquels justement ils ont dû échapper.

Selon l'article n ° 2 de la loi chilienne 20.430 qui établi les dispositions sur la protection des réfugiés, il est entendu que :

 «  Ceux qui par des craintes fondées d'être persécutés au motif  de la race, la religion, la nationalité, l’appartenance à un groupe social particulier ou politique, se trouvant en dehors de son pays de nationalité et ne pouvant pas ou ne voulant pas profiter de cette protection en raison de cette crainte ». L’article suivant établi que, « La protection des demandeurs au statut de réfugié est régie, par des principes de non refoulement, y compris l'interdiction de refoulement à la frontière, de non sanction pour entrée illégale, de confidentialité, de non-discrimination, un traitement le plus favorable possible et d'unité des familles ».

Il arrive, cependant, de ces principes qu'aucun ne soit respecté et en dépit de documents accréditant la vérité de la persécution d'un groupe armé (auparavant pris en charge par les organismes compétents en Colombie), les demandes d'asile sont délibérément rejetées par les responsables du PDI (Police chilienne). Cette situation révèle l'énorme racisme et l'autoritarisme caractérisant les institutions publiques et l'Etat du Chili, qui, malgré la ratification de la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 et son Protocole de 1967, ont systématiquement violé chacun de ses articles.

La situation décrite occasionne que, dans une recherche continue de la sécurité, les migrants doivent passer par des étapes non homologuées, restant une fois sur le territoire national dans une situation irrégulière en l’absence de document (officiel), et en vivant avec la peur constante d'être expulsé du pays au moment d’un contrôle de carabiniers ou de policiers du PDI. Cette dynamique constitue un fait totalement illégal attentant au principe de « non dévolution » convenu par la Convention citée. Parallèlement, cet état par absence de document officiel, porte préjudice à l'accès à un travail digne, à un logement, à la santé et à l’éducation : des droits basiques qui sont quotidiennement violés.

Parmi de nombreux, le cas de Jennifer Suley Candelo, celui d’une Afro-Colombienne déplacée par la guérilla, qui après avoir été contrôlée par le PDI, elle a été enfermée dans les locaux de l'institution pendant 54 jours sans aucune décision de justice. Là, elle a été contrainte de dormir sur un matelas souillé par l’urine, à faire ses besoins dans des sacs plastiques, entendre constamment des insultes racistes et sexistes par des fonctionnaires, en plus de vivre dans l'ignorance des raisons de son emprisonnement et, craignant un incertain retour au pays. Un autre facteur aggravant est le fait que face à cette réalité, des organisations comme le HCR (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) ne se sont pas prononcées.

Fermeture des frontières, l'hypocrite lutte contre le trafic de drogue

La migration a été amalgamée au narcotrafic et par conséquent, il a été ignoré la nature primordiale du droit de migrer et de demander refuge. Pour cette raison, renforcée par les derniers gouvernements, l'Etat du Chili a mis en place une forte politique anti-drogue forte visant essentiellement les Colombiens, les Portoricains et les Équatoriens, définissant ainsi a priori, qui peut ou non entrer sur le territoire national.

Pour Ramirez, « La politique des frontières nord du Chili a catégorisé les personnes qui ne peuvent pas entrer. Maintenant, le problème est le suivant, il existe des traités signés par le Chili, l'un d'eux avec le MERCOSUR, stipulant qu'en réalité les citoyens des pays signataires peuvent entrer dans le pays sans aucune difficulté, juste avec leur carte d'identité. Mais ces politiques de fermeture des frontières l’ont déterminé, en permettant cette discrimination constante visant à éliminer les Colombiens, les Equatoriens, et les Portoricains  (...) et de se rendre compte que, d'autre part que pour une grande quantité de migrants espagnols la porte n'est pas fermée, sachant qu'ils pourraient faire entrer une drogue plus dommageable. 

En ce sens, les systèmes de contrôle et de surveillance des frontières comme Chacalluta, ont été renforcés, non seulement avec un caractère de sécurité opérationnelle, mais aussi avec une forte empreinte de racisme et de discrimination de la part de fonctionnaires dans l'exercice de leur pouvoir (ou fonction), aidant à la formation de ghettos.

Face à cette situation, tout ceci devient très éclairant, quand le même président Piñera déclare qu' « Arica est une ville très importante, entre autres raisons, parce que c'est une ville frontalière et qu’elle a une importance géopolitique cruciale, car nous avons besoin de renforcer nos frontières, parce qu'ainsi nous renforçons non seulement le développement d'Arica mais aussi la souveraineté du Chili. »

Les règles internationales

Le Chili a décrété une mesure de fermeture des frontières au niveau national, les politiques en tant que telles répondent à des règles internationales protégeant les intérêts économiques avant tout. Les accords économiques entre pays ont contraint à ouvrir leurs frontières, non seulement au capital, mais aussi aux personnes, cependant la signature massive de demande d'asile par le Chili signifierait reconnaître l'image d'une Colombie en crise et il obligerait les organismes internationaux des droits de l'Homme à intervenir dans le pays, influant sur une forte fuite des capitaux étrangers.

Afin d'anticiper cette situation (le président colombien) Santos a annoncé la mise en oeuvre pour le retour des Colombiens dans leur pays d’une série d'avantages, une situation totalement contradictoire étant donné que ceux qui migrent le font seulement pour des raisons d'insécurité et de peur. Pour Hernan Ramirez  « Cette loi promulguée par Santos avec le pouvoir exécutif et législatif, vous met en échec une demande d'asile devant le droit international. Comment se mettre à l'abri, si ce même gouvernement a promulgué une loi qui favorise le retour ? ».

Enfin, signalons que le gouvernement régional d'Arica et est entrain de penser à créer une maison d'accueil pour migrants, un fait fortement critiqué par le Centre d'Accueil et de protection des Migrants, puisqu'il impliquerait la création de véritables centres de rétentions gardés par des policiers. « Non, il ne peut pas être accepté que le gouvernement disposent de maisons d'accueil, ce serait la prison. Si aujourd'hui, il n'existe pas de maison du gouvernement, il ne devrait pas exister cette surveillance des migrants ou des réfugiés bafouant leurs droits, - avec ces maisons, - la violation des droits de l'homme deviendrait systématique ».

Article en relation en espagnol :

« Solicitantes de asilo en Chile : Afrocolombianas al borde », Cliquez ici !



Source d’origine : EL CIUDADANO