dimanche 28 juillet 2013

Brésil, les Miundukurus résistent aux projets de l'Etat

Les MIundurukus exigent 
la suspension des études 
pour un nouveau barrage 
en Amazonie

Par Luciane Salles · Traduction de Ines Pontes 

Les Mundurukus d'Amazonie (1) ont un rendez-vous prévu ce mois avec le gouvernement brésilien. Ils exigent l'arrêt des études d'impact environnemental pour la construction d'une nouvelle centrale dans le bassin du fleuve Tapajós, dans la région amazonienne. La réunion a été organisée après la libération de trois biologistes enlevés par les Indiens le 21 juin 2013, au moment il effectuaient les études environnementales dans la région. Le climat de tension s'était aggravé en mai, lors d’une nouvelle occupation du chantier du barrage hydroélectrique de Belo Monte. Depuis que  les travaux ont commencé en juin 2011, les protestations ont conduit à 92 jours d'interruptions. 

Au début de juin, 144 Mundurukus ont occupé la Fondation nationale des Indiens (FUNAI) à Brasilia, siège du gouvernement brésilien, pour articuler l'arrêt de la construction de Belo Monte et d'autres projets hydroélectriques dans le bassin du fleuve Tapajós et dans les Etats brésiliens du Pará et du Mato Grosso. 

Les "Indiens" ont été reçus par le Secrétaire général de la Présidence, Gilberto Carvalho, qui a réaffirmé l'état d'avancement des projets.

Panneau de la Campagne Munduruku (en photo ci-dessus) sur Facebook, “pour la suspension d'études et de la construction de barrages hydroélectriques dans les fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires – pas de barrages sans que nous soyons consultés.”

 
Le leader Valdeni Munduruku a attaqué :

“Ici (Palácio du Planalto) ce n'est pas notre maison. Notre maison, c'est le village que nous voulons protéger des usines du gouvernement, qui se comporte, oui, comme notre ennemi.  Si cela avait été notre maison, il ne sortirait pas ce type de projets” .

Le co-fondateur du Portail Imazon, Beto Verissimo (‏@betoverissimo), a tweeté le 23 juin
:

Voyons si l'attitude du gouvernement fédéral changera sur les questions telles que les usines hydroélectrique en Amazonie. Il y aura des discussions avec la société (…) Ou s’obligera-t-il à nous donner des réponses précises ? Voyons s’il entendra les peuples autochtones, la science et ceux qui critiquent le modèle des grands projets hydroélectriques …

Message des Mundurukus en VO (du 11-12-2012) 

Helena Palm, un leader indigène (‏@helenapalm) a également opiné sur twitter :


Jacareacanga [municipalité de l'État du Pará] : Les Mundurukus veulent un engagement public du gouvernement fédéral pour que les études des usines s'arrêtent, jusqu'à ce qu'il y ait des consultations.

Au cours des deux derniers mois, la crise de la question autochtone a ressemblé à un scénario de western avec les morts de Oziel Terena et Adenilson Kirixi Munduruku, qui occupaient la ferme Buriti, dans la municipalité de Sidrolândia dans l'État du Mato Grosso. 

Les autorités avaient été incapables de résoudre le conflit et les amérndiens ont subi les attaques racistes des médias et les violences de la police fédérale. 

Le ministre a reconnu des fautes dans l'action des policiers pour les décès et a réaffirmé que les "Indiens" n'étaient pas la cible des forces de sécurité, qui seraient investies pour assurer les intérêts de tous.
 
"Il manque de volonté politique pour résoudre le conflit"

La phrase est du Procureur de la République de l’Etat du Mato Grosso do Sul, Emerson Kalif Siqueira, et démontre les coûts sociaux et environnementaux subis par les Indiens.

Ce sont les Etats brésiliens du Mato Grosso do Sul et du Pará, qui concentrent 11 barrages à différents niveaux de construction et d'autorisation. Un communiqué publié par les procureurs de la République des deux Etats le 4 juin affirme que le gouvernement brésilien est resté silencieux et souligne que les communautés autochtones et traditionnelles doivent être consultées sur les projets hydroélectriques, comme le prévoit la Convention 169 de l’Organisation International du Travail (OIT), dont le Brésil est signataire.



Le Procureur de la République Ubiratan Cazetta explique :


Ces actions doivent être précédés de la consultation des personnes concernées, ou le Brésil risque de violer son engagement envers la Convention 169.

Sur les irrégularités, le gouvernement brésilien répond à trois procès qui ont pour but de défendre les droits des peuples autochtones Arara, Juruna et Munduruku et également les droits des riverains et habitants traditionnels. 

Toujours selon l'organe de la justice, la centrale hydroélectrique de Belo Monte a environ 17 affaires devant les tribunaux et la bataille juridique dure déjà depuis sept ans.

Le mois dernier, les Munduruku ont signé une lettre (en portugais) pour protester contre la construction de l’usine Teles Pires, qui a provoqué l’explosion de cascades considérées symboles sacrés par la communauté indigène.

Toujours selon le Ministère Public Fédéral de l’Etat du Pará et du Mato Grosso, le gouvernement a fait appel devant le tribunal et a créé une opération de la Force nationale pour assurer les études d'impact des travaux dans les territoires autochtones. Ce fait constitue une autre raison majeure de la révolte des Mundurukus.

Sous la pression, le gouvernement suspend les études sur le fleuve Tapajós

De la réunion tumultueuse avec le ministre était sortie une promesse de faciliter la démarcation des terres indigènes et des compensations en matière de santé et d'enseignement pour les Indiens. 

Comme la promesse n’a pas été tenue, la résistance Munduruku a réussi à interrompre les études dans le bassin du fleuve Tapajós, une région où vivent 12.000 "Indiens de la tribu".

Dans une déclaration publique, ils affirment qu'ils ne toléreront pas la volonté du gouvernement de construire plus de barrages en territoire autochtone. 

Les chercheurs ont été libérés pacifiquement, mais des policiers de La Force Nationale ont été envoyés sur les sites des chantiers. 

Répliquant à cette action, les "Indiens" se sont exprimés dans un document :
 Nous espérons que ces soldats ne sont pas venus nous attaquer, mais pour défendre notre droit à notre terre, à la loi et à la Constitution.

Le Conseil Indigène Missionnaire (CIMI), l’organe qui défend les causes autochtones, affirme que dans la dernière décennie, 560 "Indiens" ont été assassinés au Brésil et évoque l'idée partagée par l’imaginaire commun que les populations originaires sont une entrave au progrès et au développement du pays généré par les avancées de l'agro-industrie et soutenue par les pouvoirs publics.

Le Ministère Public Fédéral estime que le manque de délimitation des terres  - avec des titres incorrects de propriété de l'administration - n'a fait que rallongé le nombre des litiges judiciaires et augmenter la violence. 

La solution passe donc par l'amélioration dans la démarcation des terres autochtones.



Note :

(1) Ce peuple regroupait environ 10 000 personnes en 2002, localisée dans les États du Pará, de l’Amazonas et du Mato Grosso. (selon Wikipedia).

 
Source : Global Voices