jeudi 23 mai 2013

Pérou, 67 % des conflits sociaux sont environnementaux

Le Défenseur du Peuple
 enregistre 10 nouveaux conflits 
en avril 2013 et le gouvernement seulement deux 

Par Sirvindi – Notes et traduction de Libres Amériques

La situation du Pérou concernant les conflits sociaux est un sujet qui vaut le détour et son pesant d’intérêt. Que peut pouvoir signifier un conflit social et ce qui s’y rattache ? Ils sont de natures différentes, ils peuvent se jouer d’état à état sur un plan économique et frontalier, ou bien en interne quand il s’agit d’une contestation sociale, qui dans la quasi-totalité des cas a une origine économique. Au Pérou, les conflits sociaux sont majoritairement liés à des questions environnementales. Et une juridiction nationale comme le Défenseur du Peuple semble avoir pour rôle d’orienter les politiques vers des solutions préventives. 

Au Pérou, 67 % des conflits sociaux sont environnementaux, si l’on s’en tient à des paramètres écologiques : ils sont généralement en relation avec les ressources vivrières et en eau. Les conséquences touchent en premier les populations locales (ou paysannes), les animaux, les cultures et engendrent des dégâts sur les écosystèmes qui peuvent s’avérer irréversibles. Les folies minières de l’Amérique latine ne sont pas nouvelles, elles sont marquées par leurs époques, et de nos jours dans une économie ouverte à tous les vents. Les besoins mondiaux grandissent et les gains spéculatifs représentent une très grande attractivité pour les entrepreneurs et les investisseurs péruviens et du monde entier.

Des projets miniers et industriels ayant des conséquences multiples sur la vie des habitants, sur des régions éloignées des centres de décision et souvent ces populations sont paysannes ou originaires. Tout ce qui a lien avec les ressources du sous-sol (hydrocarbures et minerais) démontrent d’un pays à un autre un saccage et des populations misent en danger et sans véritables interlocuteurs ou lois leur assurant une protection réelle.  Aussi, la question des risques sur le long terme est sous-évaluée et ne semble dominer qu’une course au profit, et qui en l’état des cours boursiers visent surtout à équilibrer les rentes de situation et maintenir la croissance à son niveau actuel.

L’intérêt des gains est souvent dû au manque de réglementation ou d’actions préventives ou simplement l’absence de concertation favorise des désordres et indirectement la mort d’innocents protestataires (12 pour l’année 2010 au Pérou), sans oublier la destruction de campagne ou des « boccages » locaux. Un nouveau projet minier avait donné lieu en 2011 dans le département de Cajamarca à ce que soit décrété un état d’urgence, ordonné par le gouvernement national. Ce projet dans la région avait donné lieu à un ras-le-bol significatif des habitants et représentants locaux et à des heurts violents. (Sur Pantuana TV, deux vidéos à ce sujet).

Si le Pérou est en deçà de ce que l’on peut observer ailleurs en phénomènes de violence étatique ou paramilitaire, il est intéressant de constater le rôle joué par cette juridiction que l’on retrouve dans d’autres nations en Amérique latine, et qui s’appelle « le Défenseur du Peuple ». Au Pérou, cette institution a un rôle crucial auprès des autorités nationales. Chaque mois le Défenseur du Peuple (sorte de médiateur de la République) publie un rapport, nous vous proposons d’en découvrir l’approche un peu limitée du gouvernement national et préventif du Défenseur du Peuple… (Notes de libres Amériques)

Le Défenseur du Peuple enregistre 10 nouveaux conflits en avril 2013 et le gouvernement seulement deux

Le Défenseur du Peuple (DP) et la Présidence du Conseil des Ministres (PCM) par l’intermédiaire du Bureau National du Dialogue et de la Durabilité (ONDS sigle en espagnol) ont publié la semaine dernière leurs différents rapports sur les conflits sociaux, pour voir une fois de plus les différences de critères (retenus) pour l’enregistrement de tels événements. Selon le gouvernement, comme tel le signale le rapport sur les différences, les controverses et les conflits sociaux Willakniqui Nº6, au Pérou il existe 60 conflits sociaux (en activité), pendant que le Défenseur du Peuple le chiffre arrive à 229, entre les conflits actifs et latents.

Un détail est à considérer est que la PCM a comptabilisé seulement 2 nouveaux dans son dernier rapport. Un des deux implique des habitants de la ville de La Hueca, province de Paita, à Piura, avec l’entreprise Agricole de Chira S.A.

Cette dernière se voit accuser d’affecter de manière négative la santé des personnes, occasionnant un préjudice au cimetière, a quelques habitations et aux activités traditionnelles en développement dans la zone.


La divergence

Les observations aux rapports que vient de présenter la PCM ces derniers mois ont surgi de divers fronts, incluant le DP. Quand a été publié Willakniqui N°5, Rolando Luque, défenseur adjoint pour la Prévention des Conflits Sociaux et Gouvernance a soutenu que le rapport de la PCM limitait les opportunités de prévention et n’était pas comparable au rapport de la DP.

Le rapport du gouvernement met l’accent sur une menace à la gouvernance, à l’ordre public, et aux dommages qui ont été causés. « C’est-à-dire en résumé, un acte de violence est le point de départ d’un conflit social », a-t-il rappelé à chaque moment opportun de l’entretien avec la Radio Ideele. Luque Mogrovejo a précisé qu’un objectif préventif observe le conflit depuis bien avant et il implique que les situations latentes (ou en une étape précoce) soient considérées comme pouvant être prises en compte.

Il convient de rappeler comme l’a signalé Vladimiro Huaroc, Haut Commissaire de la ONDS, que cet organisme fonctionne sur la base d’une classification des « différences (types), des controverses et des conflits sociaux ». Il précise ainsi que l’ONDS défini les différences et les controverses, elles sont un niveau du mal être social qui s’exprime à l’intérieur du cadre de la normalité, de la loi, au sein de ce que la société a construit comme (structure) institutionnelle.

Il  a souligné à cet égard que les différences se solutionnent en dialoguant, en cherchant des points communs de solution et que les controverses ont un caractère plus conflictuel sans pour autant en arriver à un niveau de protestation, de radicalisation ou de violence, et dans ce sens en travaillant à la prévention.

Selon le dernier rapport de Willakniqui (2) en avril 2013 seules 60 conflits ont été enregistrés, pareillement à son édition antérieure, desquels 22 proviennent du secteur minier (37%) et 11 aux minières informelles ou illégales (18%).  D’autre part selon le rapport cité, le département de Cajamarca se trouve comme la région avec le plus de conflits (7 oppositions), et en lien avec le secteur minier.


Les conflits jusqu’en avril 2013

Selon le dernier rapport des Conflits sociaux N°110 de la DP du Pérou (1) , il existe à cette date 175 conflits actifs et 54 latents, la majorité se concentrant dans les départements d’Ancash, de l’Apurimac et de Puno.

Le rapport précise que des 229 conflits répertoriés, 149 sont de la compétence du gouvernement national (65,1%), 51 des gouvernements régionaux (22,3%) et 20 des autorités locales (8,7%). Ainsi de même est pris en compte les conflits sociaux environnementaux, ils continuent d’être les plus nombreux, soit un total de 154 cas – cinq de plus en comparaison à son édition antérieure de mars – ou revenant au même (niveau), pour 67,2% des faits enregistrés à ce jour.

Le deuxième type de conflits : les oppositions les plus nombreuses ont à voir avec les affaires locales. Il existe à ce jour, 20 cas liés à des demandes d’œuvres publiques, à des annulations et suspension (de chantier), une opposition à la mise en oeuvre des politiques et par manque de transparence.

Le troisième type de conflit : les conflits plus nombreux ont à voir avec les limitations territoriales, la majorité naissent en raison de limites officielles entre les districts, provinces et départements.

Le département d'Ancash reste (en tête) avec le plus grand nombre, soit 33 conflits, la majorité d'entre eux, sont de types sociaux et environnementaux entre la population et les sociétés minières. Puis se trouve en deuxième et troisième position avec 21 conflits le département d’Apurimac et le département de Puno avec 19. (Soit un tiers des conflits du Pérou).


Pour accéder aux rapports complets (en espagnol), cliquer sur les liens suivants :

(2) Willakniqui Nº6 


Source : Servindi (en espagnol)