dimanche 5 mai 2013

Pérou, 14 futurs projets miniers en terres Amérindiennes

Le gouvernement péruvien 
veut accélérer 
14 projets miniers 
en territoires amérindiens !

Par le CRIC – Notes et traduction de Libres Amériques

Contradictions juridiques ou double discours des autorités politiques, un nouveau bras de fer va probablement s’engager au Pérou, autour de 14 nouveaux projets miniers sur des territoires où habitent des populations originaires. Le gouvernement sentant un léger ralentissement de son économie et aussi une baisse du cours de certaines matières premières (et sous pression des lobbys économiques miniers). Le ministre de l’économie aimerait se passer de certaines procédures consultatives en accélérant les mesures administratives pour l’exploitation minière dans son pays. Mais sans vouloir tenir compte des consultations préalables existantes, aussi bien dans la loi péruvienne, ou dans le cadre des droits internationaux touchant les peuples autochtones ou originaires (Convention 169 de l’OIT).

Semble-t-il quelques fuites ont permis de lever cette forte ambiguïté et une volonté de ne pas engager les consultations nécessaires auprès des populations concernées. Le Pérou est un des pays les plus concernés par l’extraction minière en Amérique du Sud. Les conflits écologiques sont nombreux, les dégâts environnementaux considérables dans des régions hautement affectées par certains déséquilibres hydriques et  en lien avec le changement climatique des régions andines. Tout cela participe du pillage de l’eau, par l’assèchement ou l’appauvrissement des ressources en eau (lagunes, lacs, cours d’eaux), notamment dans des zones agricoles ou forestières.

Cet article  nous éclaire sur les 14 projets miniers et nous alerte sur de nouvelles atteintes à l’expression des peuples originaires et aux pillages des ressources naturelles. Pour seule fin de soutenir une croissance, qui jusqu’à présent a surtout permis l’enrichissement de transnationales (Canadiennes, Sud Africaines, …), et au détriment des péruviens eux-mêmes. Et le gouvernement de ce pays ne semble pas vouloir changer d’un iota la politique de ces prédécesseurs ultra-libéraux, bien que son président s’était pour se faire élire revendiqué de gauche et il avait été soutenu dans son ensemble par cette dernière.

Dans une société profondément inégalitaire et à bien des égards raciste, le gouvernement péruvien et son ministre de l’économie n’ont pas froid aux yeux, et quitte à faire dans le symbolisme, cette décision d’accélération de 14 projets miniers en territoires amérindiens est d’un cynisme rare. L’industrie minière quant à elle se basant sur un ralentissement passager de l’économie, et une baisse notamment du cours de l’or de 30% depuis le début de l’année 2013 (par ailleurs les réserves mondiales d’or devraient être épuisées, d’ici 2025). La supercherie ou la ficelle semble un peu grosse, et cette nouvelle ne devrait pas passer inaperçue ? 

PÉROU : 14 projets d'exploitation minière sans consultation préalable

Dans le cadre d’une action secrète mal protégée, le gouvernement a décidé qu'au moins 14 projets miniers ne passeraient pas par le processus de consultation préalable avec les communautés natives, comme l’a confirmé le ministre de l'Economie et des Finances, Luis Miguel Castilla (en photo). Fin avril 2013, le président du Conseil des ministres, Juan Jimenez, a annoncé qu'il allait « débloquer » 14 projets miniers en phase d'exploration, « pour aller directement aux autorisations et (pour que) les entreprises fassent ce qu’elles ont à faire ».

Mais le ministre Castilla a également confirmé la formation d'un groupe spécialisé, qui aura en charge de suivre les grands projets d'investissement dans le pays, de manière à ce qu'il puisse « déverrouiller » les obstacles bureaucratiques empêchant l’exécution. Concernant la décision du gouvernement de s’exonérer de la consultation pour 14 projets miniers, celui-ci l’aurait pris après avoir reçu de nombreuses plaintes de la part du secteur minier. Ce dernier critiquant une stagnation présumée de l'investissement dans l'industrie, afin que le gouvernement cherche à améliorer les procédures d'autorisation.

Parmi les exploitations minières bénéficiaires serait le projet "Angostura" dans la communauté rurale de Nueva Esperanza de Mollepiña (Région d’Apurimac). Deux autres exploitations concerneraient le Projet Magistral du district de Conchucos (Région d’Ancash) et le Projet Marcobre dans la province de Nasca (Région d’Ica). Cependant ces 14 projets miniers coïncident avec le nombre de projets identifiés par le Bureau du Défenseur du Peuple se situant dans des zones habitées par les peuples amérindiens.

L'autorité de Défense est basée sur un rapport établi par le ministère de la Culture adressée au Ministère de l'Energie et des Mines, qui avait demandé s'il y avait des communautés originaires dans les zones d'influence, pour un ensemble de projets miniers. À cet égard, le responsable du programme des Populations Autochtones du Défenseur du Peuple, Daniel Sanchez, a signalé au site d’information en ligne  « Inforregión » qu'il existerait actuellement 14 projets miniers qui affecteraient les droits des peuples Amérindiens. Sans qu’il soit mentionné, que ces communautés seraient impliquées, Daniel Sanchez a jugé nécessaire lors de la prise de décision de la mesure administrative de lancement des activités d'exploration ou d’exploitation, soit soumise à la procédure de consultation préalable.

Le processus de consultation prévu n'a pas commencé dans le secteur minier, bien qu’en mai 2012, le ministère de la Culture ait approuvé la politique définissant les normes, les lignes directrices et les procédures pour l'administration, de la Base de données officielle sur les peuples Autochtones ou Originaires qui, jusqu'ici, n'a pas été publié. Non plus, n’a pas été mis à la connaissance du public, le « Guide méthodologique pour la mise en œuvre du droit à la consultation préalable», comme l'exige l'article 28 du Décret suprême N º 001-2012-MC, etayant largement dépassé le délai des 30 jours (pour sa publication).
 

Cependant, selon Madame Alicia Abanto, Défenseur adjointe pour l'Environnement, les Services Publics et les Peuples Autochtones, il n’y a pas besoin de publier les deux instruments normatifs pour que l'État accomplisse le droit à la consultation préalable. Elle a expliqué que le processus de consultation vise à encourager le dialogue entre les parties afin de permettre un développement harmonieux, aussi bien des entreprises que les droits collectifs des personnes. Elle a précisé que, plutôt que d'être contraignant ou pas, la chose importante est que pour la première fois dans l'histoire de notre République, l'Etat est disposé à dialoguer avec les peuples originaires, ce qui est une étape importante dans les relations entre l'État et ses citoyens.

Madame Abanto a indiqué que la mise en œuvre du droit à la consultation nécessite des normes et des outils de gestion pour orienter les fonctionnaires de l'Etat dans leur travail de mise en œuvre. Elle a ajouté qu'il était impératif que chacun des agents publics et la société parient sur une véritable culture du dialogue interculturel.

Un ralentissement de l'économie péruvienne pour 2012 est écarté

Coïncidant avec le ministre Luis Miguel Castilla, le président de la Banque Centrale, Julio Velarde, a déclaré qu'il n'y avait aucun signe d'un ralentissement de l'économie péruvienne, maintenant sa prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) à 6, 3% pour cette année. Monsieur Velarde a déclaré les perspectives étaient positives, parce qu'il y avait un redressement des cours internationaux de l'or, de l'argent et du zinc. Il a estimé que la croissance du premier trimestre a été touchée parce qu’en Février a été moindre par rapport à l'an dernier et qu’en mars s’est déroulé la semaine sainte et a connu cinq dimanches, mais en avril l'augmentation du PIB dépassera les mois précédents…


Source : Le CRIC (Conseil Régional des Amérindiens du Cauca - Colombie)