dimanche 19 mai 2013

Haïti, un état sanitaire pour les femmes déplorable

Haïti, le pire endroit 
pour enfanter 
en Amérique latine 
et dans les Caraïbes


Par Milo Milfort 

La république d’Haïti serait le pire pays pour être mère en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Pourtant, elle est le 7e pays au monde ayant reçu le plus d’aide pour des programmes de diminution de mortalité maternelle, révèle un rapport titré « Situation des mères dans le monde » (1), publié le 7 mai 2013 par l’organisme international Save The Children. Ce pays des Caraïbes, qui peine à se relever, plus de trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, figure à la 164e place de ce classement annuel. Il se trouve également dans la liste des 10 pays, où la vie des nouveau-nés pourrait être sauvée si l’on comble l’écart en termes d’équité.

Le mauvais élève de la région

Pour l’ensemble de l’Amérique latine et des Caraïbes, le risque de mortalité maternelle est de 525 cas pour 1,000, mais il varie en fonction de l’endroit où l’on se trouve.

A Haïti, il est évalué à une mère sur 83. Pourtant, à Cuba, il est d’une mère sur 1,000. D’ailleurs, Cuba, en 33e position, est scruté comme le meilleur endroit de la région pour être mère, suivi de près par l’Argentine (36e), le Costa Rica (41e), le Mexique (49e) et le Chili (51e).

Le pays voisin d’Haïti, la République Dominicaine, occupe le 92e place. Le classement est dominé par la Finlande, suivie par la Suède, la Norvège, l’Islande et les Pays-Bas. Les États-Unis d’Amérique figurent à la 30e place, derrière la Slovénie et la Lituanie.

Par ailleurs, ce n’est plus le Niger, mais la République Démocratique du Congo (RDC), 176e, qui occupe désormais la place du pire pays du monde pour devenir mère, selon cette étude.


Encore une « assistance mortelle » ?

Pourtant, Haïti, ex-aequo avec l’Indonésie et le Nigéria, occupe la 7e place sur la liste des 10 pays ayant reçu le plus d’aide pour des programmes de survie de nouveaux nés.

Le pays a reçu 9 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), soit US $35.00 par nouveau-né, estime ce rapport de 85 pages.

A ce compte, Haïti, l’Indonésie et le Nigeria ont reçu à peu près le même montant d’aide pour des programmes de survie de nouveaux-nés, mais le Nigeria a à peu près 4 fois des décès néonatals de l’Indonésie et 40 fois les décès néonatals d’Haïti.

Pour établir ce classement des meilleurs et des pires pays pour être mères, l’organisation non gouvernementale (Ong) Save The Children - basée à Londres / Angleterre - fait une comparaison de la situation dans 176 pays des cinq continents.

Cette classification tient compte des dernières données disponibles pour des indicateurs, comme : le statut économique (revenu per capita), le statut politique mettant accent sur la présence des femmes dans le gouvernement, le statut éducationnel et la santé maternelle (mortalité infantile-bien être).


Une situation alarmante dans le monde…

Chaque année, 40 millions de femmes donnent naissance à la maison, sans l’aide d’une accoucheuse qualifiée, et près de 3 millions de bébés meurent dans le premier mois de vie, la plupart de causes évitables ou traitables, telles les infections, les complications à la naissance et les complications de la prématurité.

Plus d’un tiers de ces bébés meurent le premier jour de la vie. Ce qui fait que le jour de la naissance est celui le plus risqué pour les nouveaux nés et les mères.

18 % des décès chez les filles et les enfants de moins de cinq ans, en Amérique latine, ont lieu pendant la journée de la naissance.

Chaque jour, 800 femmes meurent pendant la grossesse ou l’accouchement.

Les décès néonatals représentent 43 pour cent de tous les décès chez les enfants de moins de 5 ans. Parmi ceux-ci, près des trois quarts (2 millions par année) meurent dans leur première semaine.

Presque tous les nouveaux-nés et des mères qui décèdent (98 et 99 pour cent, respectivement) vivent dans les pays en développement, où les femmes enceintes et les bébés n’ont pas accès aux soins de santé de base, (services de santé adéquats avant, pendant et après la naissance).

L’étude fait état de quatre mesures nécessaires pour les femmes dans le monde, qui sont : les injections de corticoïdes pour les accouchements prématurés, les dispositifs de réanimation pour sauver les bébés ne respirant pas à la naissance, la purification du cordon de Chlorhexidine pour prévenir les infections du cordon ombilical et des antibiotiques injectables pour traiter l’empoisonnement et la pneumonie des nourrissons.


Vers des recommandations pour redresser la barre

Le rapport de Save the children préconise de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la mortalité néonatale, en particulier l’inégalité entre les sexes. Lorsque les mères sont fortes et stables - physiquement, financièrement et socialement -, leurs enfants sont plus susceptibles de survivre et de prospérer, reconnait l’organisation.

L’Ong appelle à l’investissement dans les travailleurs de la santé. Le monde est confronté à une pénurie de 5 millions d’agents de santé de toutes sortes. Il y a également une pénurie aiguë de travailleurs de la santé de première ligne, rappelle le rapport.

Save The Children prône l’investissement dans des solutions à faible coût et de faible technicité, dont l’emploi de travailleurs de la santé pour sauver des vies pendant la grossesse, à la naissance et immédiatement après la naissance.

L’organisation internationale plaide également pour le renforcement des systèmes de santé et l’élimination des obstacles liés à la demande d’accès et à l’utilisation des services de santé.

Save The Children recommande fortement l’augmentation des engagements et des fonds pour sauver la vie des mères et des nouveaux-nés, afin de répondre, au niveau international, aux objectifs de développement visant à réduire la mortalité infantile et maternelle. 

Note :   

 (1) Un rapport titré « Situation des mères dans le monde »


Source : AlterPresse  (Haïti)