dimanche 17 mars 2013

Venezuela, université Amérindienne bolivarienne et photographie

Derrière l’objectif 
des étudiants 
de l’Université « indigène » 
du Venezuela



Par  Eddie Avila · Traduction de Pauline Ratzé

Parfois, il faut plusieurs jours aux étudiants pour arriver au campus de l’Université « indigène »  du Venezuela (UIV). Ils viennent de l’une des nombreuses communautés autochtones du pays, par bateau, par bus ou à pied au début du semestre, attirés par un type d’apprentissage novateur, qui prend en compte la spécificité du contexte dans lequel ces communautés vivent.


L’UIV décrit sa mission ainsi :

Une université qui sensibilise et offre aux étudiants une formation pour servir leur communauté. Nous œuvrons à la préservation et à l’autonomisation des populations natives et mettons en avant un enseignement interculturel et expérimental. Le campus, qui s’étend sur 2000 hectares de forêt et de savane, est situé à Tauca, dans l’État de Bolívar.

 Les visionnaires à l’origine de cette université, membres d’une organisation de défense des droits des « indigènes » (amérindiens), qui rassemble des dirigeants de ces communautés et des prêtres jésuites, souhaitaient conserver autant que possible le mode de vie traditionnel. Les étudiants logent dans des petites résidences ou « villages » avec d’autres personnes de leur communauté ou de communautés différentes. Ils cuisinent dehors sur le feu et peuvent profiter de la nature qui les entoure pour pêcher ou chasser.

Les étudiants prennent part à différents types de cours : droits des peuples autochtones, histoire, langues, mais aussi vision cosmique et spiritualité. Ils apprennent aussi l’apiculture, l’élevage de canards et de poissons, et d’autres travaux agricoles.

Ce mélange d’enseignements académiques et plus pratiques rendent l’université unique et particulièrement adaptée au contexte dans lequel vivent les étudiants qui proviennent des communautés Pemón, Warao, Ye'kwana, Yukpa, pour n’en citer que quelques-unes (le pays en compte entre 35 et 45 selon les estimations). Les étudiants sont choisis par les membres de leur communauté et vont à l’université avec un objectif clair : rentrer après leurs études et faire bénéficier leur communauté des nouvelles connaissances acquises.

De nombreuses activités s’y déroulent et les étudiants ont des histoires fascinantes à partager, pourtant les seules informations et images qui nous parviennent du campus sont celles publiées à leur retour par les professeurs invités ou les visiteurs. Vous pouvez découvrir les photos de Luis Carlos Díaz, collaborateur de Global Voices, sur son album Flickr. Toutefois, les étudiants sont de plus en plus présents sur le web, grâce à l’Info-Centro situé sur le campus.

Ce programme gouvernemental, qui offre les infrastructures nécessaires et un accès Internet aux communautés rurales, permet aux étudiants de jouer un rôle plus important afin de faire connaître leur université au reste du pays, de la région et du monde.


Collaboration avec Rising Voices

Dans le cadre d’un projet de l’UIV soutenu par la Fondation Avina (es), Rising Voices a été invité à visiter l’université au cours de la dernière semaine du mois de février et à travailler avec un groupe d’étudiants. L’objectif principal de la visite était d’aider les étudiants à renforcer leurs connaissances concernant les médias citoyens afin de pouvoir à leur tour partager celles-ci avec d’autres étudiants qui utilisent régulièrement Internet.

L’échange s’est principalement centré sur l’utilisation de la photographie numérique. Afin de tirer au mieux profit de la connectivité du lieu, trois étudiants ont pris part à un atelier d’un week-end où ils ont appris les bases de la composition mais aussi comment télécharger leurs photos sur le compte Flickr de l’université. Les trois étudiants, Wadaana Lisander, Kuranicha et Akaneto, font partie du département d’éducation et de communication de l’université.

Les étudiants de l’UIV ayant pris part à l’atelier

Malgré les défis techniques que les étudiants doivent surmonter, tels que les coupures de courant, les hautes températures dans la salle informatique, une connexion satellite à Internet parfois très lente, ceux-ci font preuve d’une grande motivation pour apprendre comment jouer un rôle actif pour raconter leur propre histoire. Durant la semaine, ils ont emprunté un appareil photo numérique de l’université pour prendre des clichés de leur village, des travaux communautaires, des repas et de la nature qui entoure le campus.

Ces photos sont maintenant utilisées et partagées par le département de communication de l’université qui utilise les réseaux sociaux, notamment Twitter et Facebook pour atteindre une audience plus importante. Le but est de continuer ce travail et que les trois étudiants puissent aider activement leurs pairs à utiliser Internet pour faire connaître cette expérience unique en termes d’éducation au Venezuela.

NB : Cet article est aussi publié sur Rising Voices, un site de Global Voices dédié à la formation aux blogs et médias personnels dans des lieux ou pays où il est difficile d'y avoir accès : Cliquez ici !


Source : Global Voices