vendredi 8 mars 2013

Haïti, Hugo Chavez et la "dette historique" du Venezuela

 Décès 
d'Hugo Chavez : 
Haïti se souvient

  
Par Pierre Gotson

Le président vénézuélien Hugo Chavez, dont les funérailles ont lieu ce 8 mars 2013, demeure dans le souvenir des Haïtiens, qui l’ont accueilli chaleureusement le 12 mars 2007 à Port-au-Prince. Rarement on a vu à la capitale haïtienne un tel accueil pour un dirigeant étranger. Une foule immense l’a reçu et suivi à chaque étape de sa visite d’une journée.

Le visage radieux, il ne s’est pas privé de bain de foule, tandis que des manifestants par milliers scandaient des slogans en sa faveur. Une poignée de main par-ci, un geste de fraternité par-là.

Fortement animée de sentiment anti-impérialiste, les nombreux admirateurs de Chavez ont guetté sa présence jusqu’aux abords du palais présidentiel, où il était reçu par son homologue René Préval.

« Quel peuple magnifique et quel espoir ! », s’exclamera le leader vénézuélien.

L’évocation d’Haïti, pour Chavez, c’est une longue histoire. A Port-au-Prince, il souligne la « dette historique » de son pays vis-à-vis de la première République noire.

« Je n’ai pas assez de mots pour dire merci au peuple haïtien », déclare Chavez, lors d’une rencontre avec des journalistes au palais national.

« Ici Miranda (héros vénézuélien) a lancé le premier cri pour l’indépendance vénézuélienne », le 12 mars 1806, souligne-t-il.

On comprend alors le symbolisme de cette visite un 12 mars. Rendez-vous avec l’histoire.
« Nous sommes conscients du lieu où nous nous trouvons, conscients de ce que représente le peuple haïtien », martèle Chavez, en rappelant l’aide des autorités haïtiennes du début du XIX siècle aux résistants qui ont combattu pour faire du Venezuela un territoire indépendant.

En retour, Chavez promeut la solidarité et le respect envers la République Caraibe, dans la même orientation que Cuba, un partenaire stratégique de taille au sein de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), sorte de contre-point à la Zone de Libre Échange des Amériques, promue par les États-Unis.

“Depuis 2002 la révolution bolivarienne accorde, sans conditions, au peuple haïtien une solidarité active, diversifiée et grandissante”, témoigne le Comité Solidarité Haïti Venezuela.

Cette solidarité a été renforcée depuis 2006 dans le cadre du programme Petro Caribe (produits pétroliers à prix préférentiels et facilités de crédits) et encore en 2012 avec la Commission Tripartite, dont fait partie Cuba.

“Aujourd’hui grâce à cette coopération, nous avons en Haïti, entre autres choses, trois centrales électriques thermiques, en plus d’un apport appréciable constaté dans le domaine agricole depuis bientôt six ans et des fonds sont disponibles pour engager un ensemble de projets à caractère social”, souligne le comité. 

Il y a un an, l’actuel chef d’État haïtien, Michel Martelly, a paraphé avec Chavez un accord visant un renforcement « des crédits et l’investissement direct dans les domaines de l’agriculture, la production, le développement industriel, l’énergie et le tourisme entre autres ».

Au moment où le peuple vénézuélien fait ses adieux à son leader, Haïti achève d’observer 3 jours de deuil national et une délégation conduite par Martelly est présente à Caracas.

Les mouvements sociaux et les secteurs politiques, notamment ceux de la social-démocratie, ont exprimé leur reconnaissance envers Chavez et ont salué le départ d’une grande figure du panaméricanisme. 


Source : Alterpresse (Haïti)