mardi 26 février 2013

Equateur, la vie citoyenne après la réélection de Correa

L'avenir politique 
de l'Équateur 
après la réélection de Correa  


Par Gina Yauri · Traduction de Julien Meyer 

Le 17 février 2013, Rafael Correa a été réélu président de l'Équateur avec plus de la moitié des voix, détenant ainsi la charge présidentielle la plus longue, renouvelée mais sans interruption, de l'histoire équatorienne. Soixante-douze heures après les élections, le Conseil Electoral National a livré les résultats officiels après un rapide dépouillement des voix, selon lequel le parti au pouvoir compterait au moins 96 des 137 députés qui siègeront à la nouvelle Assemblée. 


Le parti au pouvoir serait donc majoritaire à l'Assemblée, suffisament pour approuver les lois encore en discussion, mais n'aurait pas la majorité absolue. Dès les résultats officiels connus, les réactions des blogeurs équatoriens ne se sont pas fait attendre.

Sur le blog Realidad Ecuador, dans un billet intitulé “El futuro político del Ecuador“ [l'avenir politique de l'Équateur], Juan Pablo Martínez écrit :
L'agenda du gouvernement pour les quatre prochaines années paraît assez clair. Tout d'abord, la dynamique des dernières années se poursuivra aussi bien sur son versant positif, comme avec la responsabilité sociétale des entreprises, que sur son versant négatif tel que les atteintes à la liberté d'expression. Ensuite, la feuille de route de Rafael Correa (que je compte analyser plus en profondeur dans de prochains articles) comprend certains points sur lesquels il y aura beaucoup à redire, tels que la “Révolution de la connaissances et des compétences” et la “Révolution agraire”.
Selon Martínez, plusieurs questions restent en suspens, notamment le prochain rôle de la nouvelle opposition menée par Guillermo Lasso, le candidat ayant reçu le deuxième plus grand nombre de votes à ces élections.
On peut probablement déduire de ces dernières élections que Guillerme Lasso apparaît comme la principale figure de l'opposition au régime [de Correa]. Contrairement à Gutiérrez, Noboa ou Nebot (qui demeure très peu connu au-delà de la grande ville de Guayaquil), ou celui qui représente Bucaram, Lasso ne semble pas se heurter à un rejet massif ou une résistance parmi les Équatoriens. Apprenant les résultats électoraux, l'ancien banquier [Guillermo Lasso fut président de la Banque de Guayaquil] affirma que “partis de rien, nous sommes pourtant devenus la seconde force politique de l'Équateur“.

Graphique publié par le Conseil Electoral National (CNE)

 Par ailleurs, Martínez estime que Lasso doit faire preuve d'une grande rigueur lorsqu'il s'agira de sélectionner ses compagnons politiques ces prochaines annés :
Lasso devra se maintenir en position de candidat de centre-droit, manifestant son intérêt pour les politiques sociales consacrées à la réduction de la pauvreté, mais devra se montrer prudent en évitant de s'associer avec des groupes dogmatiques de droite qui restent forts en Équateur (c'est-à-dire les libertariens). S'entourer de personnes portant de telles convictions pourrait le conduire à prendre des postures qui se révèleraient non seulement préjudiciables au pays, mais encore impopulaires, contrariant ses aspirations présidentielles (comme prétendre, par exemple, inverser l'accent mis par le gouvernement actuel sur la responsabilité sociétale des entreprises).
De plus, le blogueur Martínez s'interroge sur celui qui prendra la place de Rafael Correa comme candidat [à la tête du parti] Alianza País, un fois accompli le mandat présidentiel de Correa, et au cas où il ne réformerait pas la constitution pour être réélu :
À supposer que Correa tienne parole et ne change pas les lois pour briguer un autre mandat en 2017, Alianza País doit commencer par décider de celui qui sera chargé de la prochaine candidature présidentielle. Correa va-t-il commencer à accorder un meilleur rôle à son successeur, et si oui, à partir de quand ? Ce successeur sera-t-il élu à la faveur d'un processus d'élections primaires au sein du parti ou sera-t-il désigné directement par Correa ? Présenter un successeur solide ne sera pas une tâche facile pour Alianza País, où plane l'ombre d'un leader comme Correa.


La blogueuse Anita Parada Cotrina s'interroge quant à elle sur les candidats élus tous les quatre ans. Dans son billet intitulé “Elecciones Ecuador 2013. Opinión personal” ["Elections équatoriennes de 2013. Opinion personnelle"], Parada rappelle que les citoyens doivent se montrer responsables lorsqu'ils choisissent leurs candidats :
Que l'usage de la politique soit bon ou mauvais, cela relève d'une conséquence et non d'une cause. Quant à la portée sociale de la politique, à laquelle nous appartenons tous et qui nous concernent tous, elle aussi dépend de nous. Lorsque nous sommes responsables en prenant les décisions qui nous incombent, nous oeuvrons pour un système équitable.
Si nous voulons que nos représentants soient bien préparés et justes, nous devons l'être nous-mêmes, nous changerons ainsi notre représentation. Pour m'en expliquer, je prendrai un exemple : si 7 personnes sur 10 sont corrompues, il y a 70% de probabilités que le représentant que l'on choisit soit corrompu. Mais si 4 d'entre eux veulent changer à titre personnel et s'y emploient, il ne reste alors plus que 3 personnes corrompues sur 10 et la probabilité que le prochain gouvernement soit corrompu baisse drastiquement jusqu'à 30%.
En conclusion, Parada insiste sur le fait que pour avoir de meilleurs représentants, chaque Équatorien doit s'efforcer d'être un meilleur citoyen.
Pour celui qui décide de se différencier et d'être le meilleur citoyen possible, les chances d'avoir un meilleur représentant augmentent.
 
Source : Global Voices