jeudi 14 février 2013

Colombie, défenseurs des droits de l'Homme en danger


Des menaces et une attaque 
contre les membres de la 
Commission Justice et Paix



Par Projet Accompagnement Solidarité en Colombie

Ce n'est pas la première fois que les membres de la Commission Justice et Paix font l'objet de menaces, cette fois-ci un des ces membres a été l'objet d'une attaque par arme à feu. Le 13 février 2013, le véhicule dans lequel se déplaçait  le défenseur de droits humains de la Commission Justice et Paix, le père Alberto Franco, a été atteint par 3 balles de fusil au niveau de la plage arrière. (Prenez 1 minute de votre temps pour écrire aux autorités colombiennes). 

Attaque contre la voiture d'un défenseur de droits humains de la Commission de Justice et Paix


Depuis que le père Alberto Franco a pris parole dans les médias, dénonçant le rôle des fonctionnaires du gouvernement de l'ex-président Alvaro Uribe dans le contexte de la restitution des terres collectives au Curvarado, Alberto Franco a subi des intimidations et a été suivi. Quant aux impacts de balles sur l'automobile, l'hypothèse serait qu'il s'agit d'un avertissement, mais que l'attaque a aussi servi à tester le type de blindage qu'utilise le défenseur de Droits Humains.


Vendredi 8 février, pour faire suite à une campagne de discrédit, des communications diffamatoires contre la Commission de Justicia y Paz ont été envoyées à la Commission ainsi qu'à la Cour Interaméricaine de Droits Humains. Ces communications font référence à de supposés liens entre la Comission de Justicia y Paz et les FARC. De plus, des accusations sans fondements sont faites contre les défenseurs de Droits Humains de la Comission, Abilio Peña, Danilo Rueda ainsi que contre Javier Giraldo.

Cette lettre a été transmise à la Cour Interaméricaine quelques heures avant l'audience concernant le cas de Marino López et l'Opération Génesis, pour laquelle la Commission de Justicia y Paz porte pour responsable la Brigade 17 pour les opérations paramilitaires. Dans ce cas, la Juridiction Nationale a trouvé coupable en première instance le Général Rito Alejo del Rio, commandant entre 1996 et 1997 de la Brigade 17. 


Prenez une minute de votre temps 

et envoyé un courrier (en bas de page)

aux autorités colombiennes, cliquez ici !



Rappel des faits :

Le 29 janvier 2013, la Commission de Justice et Paix a pris connaissance d’une lettre signée par la Corporation du Moyen et Bas Atrato, une prétendue association de déplacés, adressée a certaines instances des Nations Unies et du Système Interaméricain, dans laquelle il est affirmé que la Commission de Justicia y Paz opèrerait sous les directives des FARC. De plus, les signataires dénoncent le fait que des fonctionnaires du gouvernement agiraient par obéissance aux ordres de Justice et Paix, participant eux aussi de la stratégie des FARC. 

La lettre fait allusion au rôle joué par la Commission face a l’implantation d’une base militaire au Curvarado, insinuant qu’il s’agit d’une action en faveur des FARC. Cette même affirmation a été prononcée par un haut dirigeant de la Brigade 17 de l’Armée, il y a quelques semaines. Effectivement la Commission de Justicia y Paz a dénoncé la construction de cette base militaire sur le territoire des communautés sans leur consentement, sur des parcelles qui de plus, sont occupées illégalement par un entrepreneur. 

Par ailleurs, il y est affirmé de manière mensongère que la Commission enverrait des communications à l’Unité de Protection du gouvernement afin que celle-ci retire les mesures de protection a certains afrocolombiens, afin que ceux-ci soient assassinés par les FARC. Selon les signataires de cette lettre, l’objectif de Justice et Paix serait d’obtenir que la propriété collective soit sous les orientations des FARC. De plus, une autre lettre reçue hier, affirme que les membres des Conseils communautaires du Curvarado et du Jiguamiando travaillent de concert avec les FARC.

Cette nouvelle vague d’accusation mensongère semble répondre au fait, que récemment, la Cour Constitutionnelle a émis plusieurs sentences en faveur de la restitution des terres aux communautés du Curvarado, mettant en danger les intérêts des entrepreneurs de palme africaine, de banane, de yuca, de coca et d’élevage extensif occupant illégalement les territoires collectifs. 

Il est d’ailleurs intéressant de noter, que le contenu de ces lettres coïncide avec les affirmations réalisées par un des accusés, il y a quelques semaines, dans le cadre du procès ayant lieu contre les entrepreneurs pour déplacement forcé et vol de terres. Lorsqu’on lui a demandé sur quoi il basait ses accusations, celui-ci a répondu que c’est Luis Mario Gaviria, responsable d’Action Sociale sous le gouvernement d’Uribe, qui lui a dit, et que des fonctionnaires du gouvernement de Santos en Uraba lui ont réaffirmé, il y a quelques mois.

Plusieurs des signataires des lettres participent de la stratégie de diffamation et de montages judiciaires connus depuis 2008, ils ont été nommés par Rito Alejo del Rio (ex-commandant de la Brigade 17 de l’Armée condamné pour l’opération Genesis) et Fernando Londoño Hoyos (ministre de la Justice sous Uribe). Ce qui est en jeu, les entrepreneurs bénéficiaires de la stratégie paramilitaire cherchent à s’assurer que la restitution des terres soit favorable a leurs intérêts.

Justice et Paix craint que ces accusations contre des fonctionnaires du gouvernement génère chez eux la peur et freine leur action pour faire respecter les droits des communautés. Le gouvernement se Santos cédera-t-il devant cette pression de l’entourage d’Uribe ?

Le gouvernement va-t-il adopter des mesures efficaces afin de faire appliquer les sentences de la Cour Constitutionnelle qui ordonnent la restitution des terres ? Agira t-il afin de faire déloger les occupants illégaux des territoires collectifs ?

La justice va-t-elle enquêter les membres de notre Commission afin de démontrer la fausseté de ces accusations ? Les réponses a ces questions définiront l’issue de la restitution des terres collectives au Curvarado et Jiguamiando.


Sources : Pasc