dimanche 13 janvier 2013

Cuba, la fibre optique vénézuélienne inopérante et Internet limité

Cuba 
et l’accès à Internet :
Que s’est-il passé
 avec le câble ?


Par Elaine Díaz · Traduction de Pauline Ratzé

« Le câble a une durée de vie de 25 ans. Le temps presse. » C’est par ces mots que débute le dernier billet du blog Desde adentro de Cuba, une chronologie qui dresse la liste des articles publiés dans les médias nationaux de l’île, en particulier sur le portail Cubadebate, consacrés aux 70 millions de dollars investis en 2007 pour améliorer l’accès à Internet « et la rapidité de transmission de données, d’images et de voix » à Cuba.


Depuis plus de cinq ans, Cuba discute de la question du câble, commente Adrián Jesús Pérez, avant d’ajouter :

L’informaticien, mais aussi le docteur, le boulanger et le travailleur indépendant communiquent avec un proche réalisant une mission internationale ou ayant émigré dans un autre pays. Tout le monde souhaite des nouvelles de sa famille, de quoi rêver d’un réseau de communication plus approprié.

Au mois de mai 2012, plus d’un an après l’arrivée du câble à Cuba, le ministre vénézuélien de la Science, la technologie et l’innovation, Jorge Arreaza, a déclaré que le câble fonctionnait et qu’il améliorait aussi la connectivité au Venezuela.

Toutefois, sur l’île, aucune amélioration en termes de rapidité ou de qualité d’accès à Internet n’a été remarquée. Dans un article publié en novembre 2012, Luis Toledo Sande, blogueur, souligne les stéréotypes dont ont souffert les TIC dans le pays et le manque d’informations au sujet de l’accès à Internet :

Publié sur la blog La Joven Cuba, caricatures de Gerardo Hernández Nordelo :

Sautant comme un lièvre ou montrant discrètement son nez comme une taupe, le fantôme de la diabolisation de la technologie rappelle une certaine affaire, pas si vieille, où -selon des témoins- un haut cadre avait expliqué que les chercheurs d’un centre ayant fait l'objet d’une étude, devaient souffrir de problèmes idéologiques et étaient suspects car ils souhaitaient avoir des ordinateurs à la maison. 

Ce n'est pas par plaisir que des suspicions se réveillent quand, au cours des jours où on parlait de l’installation d'un câble à fibre optique pour améliorer l’informatique dans le pays, certaines voix se sont élevées, avertissant que nous ne devions pas nous faire d’illusion, que le câble n’aurait pas la capacité suffisante pour nous garantir l’accès à Internet que nous souhaitions. 

Aujourd’hui, il semble que plus personne n’ait d’illusion. Pas parce que cet accès n’est plus nécessaire, mais parce qu’on ne parle même plus du câble. À ce sujet, il ne s’agit pas de discrétion, mais de secret, peut-être pour des raisons valables, mais nous n’en savons rien. Pour ce que sait l’auteur de ces notes, personne n’a communiqué la nouvelle tant attendue.

De son côté, Alejandro Ulloa a publié il y a peu un billet dans lequel il critique la presse nationale, le manque d’informations et dénonce les cas de corruption. Parmi les problèmes auxquels la société cubaine fait actuellement face, il demande « pourquoi n’a-t-on pas d’explications à propos du câble du Venezuela ? »

Noelbis Monpié, quant à lui, partage son expérience, lors d’une conférence organisée par la revue Temas, intitulée « Réseaux et mouvements sociaux sur Internet » :

Un des intervenants se référait au fait qu’Internet est une technologie extraordinaire et que nous devons l’utiliser dans la mesure où nous le pouvons, mais que pour Cuba elle est synonyme d’importation.

Pendant un instant, j’ai pensé que si tous ceux qui sont engagés dans la féroce bataille visant à réduire les importations autant que possible partagent cet avis, nous n’aurons jamais Internet. Serait-ce pour cela qu’Internet est mort le jour même où le câble à fibre optique a atteint les côtes cubaines ?

Même Yasel Toledo souligne, sur son blog, Mira Joven, qu’il est n’est pas possible de taire le thème du câble dans les discussions actuelles.

Le monsieur m’a posé plus de questions, beaucoup en réalité. Nous avons même parlé du câble à fibre optique, de la fuite des cerveaux, des différences entre les missions dans la guerre d’Angola et les guerres d’aujourd’hui.


Source : Global Voices