lundi 28 janvier 2013

Cuba, Haïti et Venezuela, un exemple de solidarité Sud-Sud

Haiti-Venezuela : 
Hugo Chavez 
et la Solidarité Sud-Sud



Par Marlène Nicolas, pour le Comité Solidarité Haiti-Venezuela

Que représentent Hugo Chavez et la révolution bolivarienne dans ce mouvement de solidarité agissante Sud-Sud ? Son franc-parler et son déterminisme ont été le levain nécessaire en ce début du 21e siècle pour redynamiser et renforcer ce mouvement de solidarité concrète entre les peuples, initié par le peuple cubain et ses dirigeants depuis presqu’un demi siècle .

C’est ce qui explique qu’aujourd’hui des centaines de milliers de gens à travers le monde, et en Amérique latine en particulier souhaitent avec ferveur un heureux rétablissement au dirigeant de la révolution bolivarienne, il est l’un des symboles actuels de la vraie solidarité et de l’entraide.

Le Département du Nord et particulièrement le Cap Haitien est l’une des régions d’Haiti qui bénéficie de cette solidarité. Et les gens du Cap aussi s’inquiètent pour la santé du président vénézuélien et veulent, à leur façon, prouver leur solidarité et exprimer leurs fervents souhaits de rétablissement à Monsieur Chavez.

(…)

Haïti et la Solidarité Sud-Sud

Nous bénéficions depuis 1997 de la solidarité, sans conditions, du peuple cubain et de ses dirigeants en matière de santé. Les médecins cubains en Haiti ont été les premiers à établir des centres de soins immédiatement après le séisme dévastateur de 2010. En octobre 2011, grâce à la vigilance des médecins cubains en poste en Haiti qui ont rapidement détecté le choléra et grâce à leur leadership dans la lutte contre le choléra, nous avions pu échapper à une hécatombe certaine.

Depuis 2002 la révolution bolivarienne accorde, sans conditions, au peuple haïtien une solidarité active, diversifiée et grandissante. Cette solidarité a été renforcée depuis 2006 dans le cadre du programme Petro Caribe et encore en 2012 avec la Commission Tripartite. Aujourd’hui grâce à cette coopération, nous avons en Haïti, entre autres choses, trois centrales électriques thermiques, en plus d’un apport appréciable constaté dans le domaine agricole depuis bientôt six ans et des fonds sont disponibles pour engager un ensemble de projets à caractère social.


La collaboration Sud-Sud

Mais au-delà de cette solidarité, le Venezuela et les autres pays partenaires de l’Alba nous invite à participer pleinement dans cette Collaboration Sud-Sud pour garantir la dignité, le bien-être et l’épanouissement de nos peuples, pour reconquérir ou sauvegarder notre souveraineté et notre autonomie. Car au-delà de cette aide humanitaire il est impératif d’établir des relations commerciales dynamiques avec le Venezuela, Cuba et les autres économies du « Sud », tout particulièrement nos voisins de l’Amérique Latine et de la Caraïbe. Car pour augmenter drastiquement le niveau de vie d’une majorité écrasante de la population nous devrons accroître notre productivité et investir dans des secteurs créateurs d’emploi.

C’est dans cette optique que, nous du Comité de Solidarité Haïti Venezuela, nous continuons à exhorter nos compatriotes et les dirigeants du pays à profiter de cette opportunité que nous avons aujourd’hui de prendre une part active dans cette collaboration Sud-Sud qui continue à faire preuve de son efficacité à un moment où même les pays industrialisés se retrouvent face à des problèmes financiers énormes.

Cette efficacité est reconnue par l’ONU qui a décidé de consacrer le 19 décembre Journée des Nations Unies pour la coopération Sud-Sud. Et M. Ban Ki-moon, Secrétaire général de l’ONU eut à dire : « Ces dernières années, la coopération Sud-Sud a continué d’être le moteur d’échanges et de flux financiers soutenus, même dans des situations marquées par une forte instabilité économique, sociale et politique. »

Aujourd’hui la distribution des ressources ainsi que les capacités et les besoins des nations ont été substantiellement modifiés. Ces économies émergentes ont en quelque sorte redéfini l’équilibre économique mondial. Grâce aux échanges, aux investissements, à la coopération technique et technologique bon nombre de pays en voie de développement jouent un rôle incroyable dans la croissance mondiale. Aujourd’hui, les pays de l’Amérique Latine en général et de l’Amérique du Sud en particulier continuent de vivre une croissance économique, un peu ralentie mais stable, tandis que l’Europe voit pendant ce temps près d’un quart de sa population plonger sous le seuil de la pauvreté.


Pourquoi privilégier la Collaboration Sud-Sud ?

• Renforcer les liens économiques entre Haïti et d’autres pays du Sud offrirait à toutes les parties une occasion de satisfaire leurs intérêts communs. L’intégration économique donnerait un meilleur accès à des marchés et ressources plus vastes, aiderait à augmenter la capacité de production et la croissance améliorant ainsi le bien-être de la population. Combiner nos diverses ressources et marchés fournirait une plus grande plate-forme pour construire des infrastructures physiques, sociales et institutionnelles, créer des emplois, faire un bon technologique, diversifier la production et augmenter les niveaux de vie. La proximité des voisins réduit les coûts de communication, des transports et des intrants

• Bien qu’utiles, les échanges économiques avec les pays industrialisés révèlent des écarts si grands entre la réalité haïtienne et les ressources et pratiques des pays industrialisés que souvent, les réponses aux défis économiques applicables dans le Nord ne sont pas appropriées dans notre contexte. Par contre le partage des expériences Sud-Sud est plus utile, soit dans la redéfinition ou l’adaptation des pratiques ou dans l’aide technique.

• Nous aurons plus à apprendre de pays qui ont su surmonter très récemment des barrières auxquelles nous nous confrontons présentement : la mauvaise qualité des infrastructures, la petite échelle des opérations, la nécessité de produits simples à bas prix, une abondance relative de main-d’œuvre peu qualifiée, une pénurie marquée de capital, un grand secteur informel, un pauvre environnement, des cadres réglementaires inadéquats. Ce serait avant tout des interlocuteurs plus compréhensifs.

• Une collaboration Sud-Sud, dans le style de l’Alba par exemple, se différencie en essence de l’approche habituelle des « investissements » traditionnels qui trop souvent tentent à s’approprier des moyens de production et des ressources étatiques des pays partenaires au détriment des intérêts futurs, et souvent immédiats des populations concernées.

Pour paraphraser un dicton révolutionnaire : S’il est toujours vrai qu’il vaut mieux apprendre à quelqu’un à pêcher que de lui donner un poisson, il devient de plus en plus vrai aujourd’hui que l’accès à la rivière peut lui être enlevé à tout moment . Car la lutte pour le contrôle des ressources de la terre est de plus en plus cynique et sans mercis en ces temps heureux de « l’État de Droit et de la Démocratie Pour Tous »


Solidarité/Collaboration versus Charité

Au 19e siècle le peuple haïtien et ses dirigeants avaient compris que les peuples d’Amérique latine partageaient avec eux les mêmes rêves de liberté et d’égalité, et qu’ils avaient besoin de notre solidarité sans conditions, sans prétention. Aujourd’hui les peuples cubains et vénézuéliens et leurs dirigeants savent que le peuple haïtien partage avec les peuples de la région les mêmes idéaux de liberté de justice sociale et ils nous offrent leur solidarité sans conditions ni prétention.

A nous aujourd’hui de profiter des fruits potentiels de cette solidarité. A nous aujourd’hui de ne pas nous contenter d’être de simples « consommateurs » de cette solidarité mais des partenaires actifs.

Pour une fois que nous pouvons bénéficier d’une solidarité qui n’est pas liée au maintien de notre réservoir de main d’œuvre à vil prix,

Pour une fois
que nous pouvons bénéficier d’une solidarité qui n’est pas conditionnée à l’ouverture de notre marché au dumping, à l’achat obligatoire d’’équipements et de services onéreux venant du pays « solidaire »,

Pour une fois
que nous pouvons bénéficier d’une solidarité qui ne nous impose pas ses « experts et ses expertises » mais nous offre de « partager » son savoir faire et son expérience, d’échanger biens et services de manière équitable.

Cette fois-ci sortons de la torpeur où nous nous sommes laissés enfoncer lentement depuis ce grand éclat de 2 siècles plus tôt.

 Redevenons un peuple INITIATEUR. 

Utilisons cette audace, cette fierté qui persistent à exister inéluctablement chez chacun d’entre nous. Utilisons cette opportunité pour construire un système de santé efficace, pour reconquérir notre autonomie alimentaire, pour ré-ouvrir nos écoles de métiers, pour construire des espaces d’éducation et de formation pour notre jeunesse, pour utiliser, à bon escient et POUR la nation, les connaissances de nos techniciens, de nos universitaires, de nos artisans. Pour une fois que « l’aide » est synonyme d’entraide et non de « charité bien ordonnée ».

Car contrairement à ce qu’a dit Madame Michaelle Jean, ancienne Gouverneur du Canada d’origine haitienne, qui a voulu défendre Haiti face à l’arrogance mal placée du Ministre de la Coopération Canadienne, cette charité du Canada et d’autres, n’est pas du tout « mal ordonnée », elle respecte les normes charitables traditionnelles : elle est bien ordonnée.

Car comme le dit le vieux dicton :

« Charité bien ordonnée commence par soi-même », et il n’est plus à prouver que « leur charité commence d’abord et toujours par eux-mêmes » .