lundi 26 novembre 2012

Opération E, une famille colombienne et la guerre

Opération E. 
un film de Miguel Courtois

en salle le 28 novembre 2012
 
Quand la fiction dépasse la réalité… ?


Par Libres Amériques

Une coproduction franco-espagnole, le film a été tourné en Colombie, et Luis Tosar, l’acteur principal a reçu au Festival de Biarritz le prix d’interprétation masculine en octobre 2012. Basé sur des faits réels, il s’agit toutefois d’une fiction, d’une dramatique se déroulant en Colombie (Durée 1h49) du réalisateur franco-espagnol Miguel Courtois-Paternina.

Présentation du film Opération E. de Miguel Courtois

Paysan colombien José Crisanto, vit en pleine jungle dans des conditions difficiles avec sa femme et ses enfants. Les FARC vont lui confier le bébé (le petit Emmanuel) de leur otage Clara Rojas (ex. codétenu d’Ingrid Betancourt). José Cristanto, va malgré lui se retrouver pris entre les FARC et des fonctionnaires du gouvernement colombiens… Il finira en prison, et il restera incarcéré pendant 6 ans.


Bande annonce - Opération E. de Miguel Courtois



Resituer l’histoire du film dans le cours des événements

(…) Emmanuel est l’enfant né dans la jungle d’une otage des FARC, Clara Rojas, enlevée le 20 juin 2004, aux côtés d’Ingrid Betancourt. Deux ans après son enlèvement, elle met au monde Emmanuel, conçu avec un Guérillero des FARC.

Au bout de huit mois, on lui enlève le bébé. Très malade, le nourrisson est confié à José Crisanto Gomez, un paysan de La Paz (dans le sud-est de la Colombie) afin qu’il le fasse soigner par son beau-père « guérisseur ». Le paysan n’a pas le choix ; les FARC menacent la vie de sa famille. (Il a déjà 5 enfants). José Crisanto est contraint, pour la survie de l’enfant, de conduire ce dernier dans une maison de santé, puis à l’hôpital, sans en référer aux FARC. Soupçonnant un mauvais traitement, les services sociaux lui enlèvent Emmanuel. José Crisanto n’en saura pas plus avant trois ans…

Le film raconte l’histoire qui s’est déroulée loin de toute célébration médiatique… où comment la vie ordinairement déjà assez compliquée d’un paysan colombien s’est transformée en enfer absolu sous les feux conjoints de la pression internationale, des rivalités inter-états (Chavez/Uribe) et de la course poursuite entre les FARC et les services secrets colombiens, parce que chacun voulait récupérer pour son plus grand bénéfice, Emmanuel, l’enfant otage. (Source : Ajoz films)

Opération E. "le camp des Farc"


Extraits d'un entretien avec le réalisateur

Numéro 273 d’Espaces Latinos (nov.-déc. 2012)

Vous aviez un point de vue sur ces événements ?

Miguel Courtois : Nous, on a pris un point de vue dès le départ que l’histoire que l’on raconte est l’histoire vraie. C’est un point de vue dont je suis assez fier car à l’époque où on a lancé le film, Crisanto (à qui les FARC avaient confié Emmanuel) était en prison pour enlèvement, participation à des bandes armées, faux témoignage, choses très très graves. Je prenais le risque de passer trois ans de ma vie pour raconter le procès de quelqu’un accusé d’enlèvement d’enfant. Mais moi j’avais la conviction absolue que notre thèse était la bonne et qu’il était une victime. Quand on a terminé le tournage en mai 2012, la justice colombienne a libéré Crisanto, donc en me donnant raison. C’est une histoire validée par la justice. On peut être content parce que ce n’était pas gagné d’avance. Si l’on avait fait polémique, s’il avait été condamné à dix ou quinze ans de prison,  on ne verrait pas le film de la même façon. On dirait qu’il a un point de vue différent de celui de la justice.

Où avez-vous tourné ?

MC : Je voulais absolument tourner un film authentique, et en Colombie. Ce ne fut pas simple car les producteurs se demandaient légitimement si l’on ne ferait pas mieux de tourner au Mexique. Et moi j’ai dit non. Et il fallait tourner au plus prés des zones où s’était déroulée l’histoire. Il ne s’agissait pas de prendre des risques, de se faire prendre en otage, mais on a tourné à moins de cent kilomètres des zones des FARC. Alors le spectateur sent que l’on ne triche pas. Si le film fonctionne, si l’émotion fonctionne, le cœur du spectateur comprend qu’on ne triche pas, qu’on n’est pas en train de lui raconter des bobards, qu’on n’est pas en train de fabriquer un cinéma, mais qu’on est dans un sentiment authentique. Quand ça marche, c’est aussi pour cela.

  "Operation E" - Miguel Courtois Paternina - FesTiVi 2012




Biographie de Miguel Courtois-Paternina

Il est réalisateur, producteur et scénariste franco-espagnol, et il est âgé de 52 ans.

Il a commencé comme professeur de philosophie avant de devenir reporter à l'agence SIGMA. En 1986, il réalise son premier film Preuve d'amour avec Gerard Darmon et Anaïs Jeanneret. Depuis il n'a cessé de tourner, tant pour la télévision qu’au cinéma, en France et en Espagne, alternant films de genre et films engagés.

Filmographie :

El Lobo (2004) est son premier long-métrage espagnol, il a notamment remporté le prix de la mise en scène au festival de Miami et le grand prix du festival FanTasia du Canada.

En 2010, il tourne Le Piège afghan avec Marie-Josée Croze et Samuel Le Bihan, en partie tourné à Kaboul.

En 2012, "Operación E" le dernier long métrage, il a déjà fait l'objet d'une dizaine de sélection dans des festivals internationaux qui lui ont valu plusieurs prix. Interprètes principaux du film : Luis Tosar, Martina García, Gilberto Ramirez.


Critiques du film, articles en relation :
  1. Ciné-Toile, critique du film Opération E. par Delphine, cliquez ici !
  2. Regards Latinos, le conflit du point de vue des sans droit, cliquez ici !