jeudi 20 septembre 2012

Colombie : assassinat du magistrat Jorge Alberto Sanin

 Assassinat de Jorge Alberto Sanin

3° Procureur de l’Unité 
de l’Adolescence et de l’Enfance de Riocha de la Guajira.



Par Asonal Judicial Nacional - Traduction de Libres Amériques

Récemment la douleur de cette tragédie a endeuillé le  monde Judiciaire colombien, puisque le quatorze de ce mois (le 14 septembre 2012), sur les plages du Laguito dans la Ville de Carthagène, où il assistait à un séminaire juridique, le Procureur Jorge Alberto Sanín a été assassiné par deux décharges (par arme à feu).

Le fonctionnaire poursuivait des recherches contre des adolescents faisant parties des bandes criminelles, les mal nommées : "Bacrim"(1), qui ne sont que l'expression du paramilitarisme continuant de commettre des actes de délinquance, malgré le processus de paix qu'ils avaient signés avec l'État (2).

Le Procureur Sanín avait reçu quelques menaces contre sa vie par un de ces groupes qu’il avait à sa charge.
Ce vil meurtre s’ajoute à l’interminable et fatidique chaîne de crimes contre les professionels de cette branche du pouvoir public, pour qui nous réclamons de manière permanente aux acteurs armés, le caractère civil de la fonction ; fonction qui est étrangère à n'importe quelle ingérence dans le conflit que vit la Colombie, une raison évidente pour respecter la vie, la liberté et l'intégrité des personnes.

Ceux qui pensent et agissent à l’inverse, le font, pour générer la barbarie, qu’ils veulent faire endurer à ce pays.

Aux actions si sinistres de ces personnages, se rajoute l'indifférence et l'indolence du gouvernement national et des organismes dirigeants de la branche Judiciaire, lesquels ont l'obligation péremptoire de manier avec un maximum de sérieux le sujet de la sécurité des fonctionnaires et des employés de justice, mais qui, nonobstant les attentats continus perpétrés et la clameur de la communauté judiciaire, restent dos au mur face à cette dure réalité.

Face à ce nouveau et déplorable crime, nous appelons :

-       l'ensemble des fonctionnaires et des employés de la branche Judiciaire,
-       le mouvement syndical,
-        la population colombienne,
-       les Organismes Intergouvernementaux des Droits de l'Homme,
-       la Commission Interaméricaine de Droits de l'Homme,
-   le Rapporteur des Nations Unies pour l'Indépendance des Juges et des Avocats.
-       Et autres organismes du système international des Droits de l'Homme…

A rejeter ce meurtre abominable, de façon à ce que l'ombre du silence ne laisse pas comme cela dans l'anonymat des faits si graves et que nous dénonçons avec véhémence à travers cette proclamation.

A sa famille, nos sincères condoléances et a tout le pouvoir judiciaire notre voix au courage et à la solidarité.

Le sacrifice de ces valeureux serviteurs du service public fait appel à toute la Nation en une seule voix au rejet de ce crime, une de fois de plus pour réaffirmer l’engagement en faveur des Droits de l’Homme pour le droit de vivre en paix.


Les sollicitudes apportées, par la gravité des faits racontés ici, nous demandons (à la famille) de se manifester auprès des autorités colombiennes pour qu'il soit exigé :

a) d’adopter des mesures de protection pour garantir les droits à la vie, l’intégrité et la liberté personnelle des professionnels du monde Judiciaire colombien.

b) de saisir le Rapporteur des Nations Unies pour l'Indépendance des Juges et des Avocats, de prendre note avec attention des faits racontés ici et d’intervenir auprès du gouvernement de la Colombie, pour que soit garanti, dans ce cas, l'indépendance et l'autonomie de la justice, dont l'expression primordiale est le droit à la vie de ses fonctionnaires et de ses employés.


Notes :

(1) Qui sont les BACRIM, une émanation des groupes paramilitaires d’extrême droite dits AUC (Armées Combattantes de Colombie), nous vous invitons à lire l’article de CHRISTINE RENAUDAT sur le site dujournal La Croix : La Colombie découvre la puissance des « Bacrim », un exemple dans le département de Cordoba, fief électoral de l’ancien président Uribe.


(2) En 2006, le gouvernement d’Alvaro Uribe avait adopté une loi se nommant «Justice et Paix», elle devait mettre fin au paramilitarisme d’extrême droite, mais il est toujours en pleine activité en Colombie.