lundi 2 juillet 2012

Chili, Danielle Mitterrand et son combat pour les Mapuches

Combat et témoignage  
de Danielle Mitterrand 
pour les Mapuches


Par Libres Amériques

Un entretien de Danielle Mitterrand sur les Mapuches ... à lire absolument  ! Et des extrait vidéo d'une conférence de presse en 2008 (8 minutes). "En tant qu’altermondialiste, je rêve d’un monde humaniste dans un environnement respecté"

Entretien avec Danielle Mitterrand : 
Fait en 2010, suite à sa visite au Chili

Comment a commencé votre relation avec le peuple Mapuche? Vous souvenez-vous quand est-ce la première fois que vous avez pris contact avec eux ?

DM : En 2000, j’ai été invitée par le maire de Tirua, Adolfo Millabur, à visiter les régions de Bio-Bio et l’Araucania victimes des plantations intensives de résineux et d’eucalyptus qui détériorent la terre, ravagent l’humus et polluent les sources, les rivières et les lacs. J’ai répondu à son invitation.

J’ai parcouru la zone pendant une semaine. J’ai rencontré des hommes et des femmes  résistant aux déplacements de population, encourant les risques de violences que vous connaissez, des familles en quête de nouvelles des membres de leurs familles arrêtés.

Informée par des avocats qui forment juridiquement les communautés indigènes pour défendre leurs droits.

J’ai recueilli les témoignages d’une femme âgée qui a marché plusieurs jours pour m’alerter sur les dommages causés par le barrage de Ralco sur le Bio Bio.

Comment est votre relation actuelle avec les Mapuches? Comment vous êtes informée sur ce qui se passe au Chili ?

DM: Lors de mon dernier séjour au Chili, J’ai rencontré une délégation de lonkos Mapuches et de diverses communautés venue à l’ex Congrès National.

Ils s’insurgeaient contre la loi anti terroriste qui leur est appliquée. Ils défendent leur terre contre les divisions créées par des implantations industrielles, contre les projets d’infrastructures qui vont naitre en terre mapuche et qui polluent leur territoire, par exemple l’aéroport et la décharge de déchets qui sont en phase d’approuvassions dans la neuvième région. Ils demandent plus que de la terre, ils demandent du territoire où pouvoir exister avec leurs structures sociales, politiques, culturelles. 

Cette population comme tous les Chiliens ont droit à être respectés avec leurs particularités. Et ils entendent bien légalement se faire respecter.

Au Chili il y a une phrase typique qui dit “remuer le poulailler”, quelque chose comme mettre du désordre. Quelques secteurs du Chili disent que vous êtes entrain de « remuer le poulailler » au Sud du Chili. C’est ainsi ? pourquoi ?

DM : Je ne sais pas si c’est « remuer le poulailler » que de s’informer sur la situacion des peuples indigènes ou sur Hidroaysen. Ce dernier est un projet pharaonique, destructeur  de la biosphère pour des intérêts ciblés qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général. Le fait de poser publiquement  les questions qui gênent, peuvent donner à réfléchir à l’inopportunité de ce programme. 

En l’occurrence, ma présence en Patagonie à permit d’amplifier la voix des victimes de la construction des barrages et des câbles électriques. Ce travail a permit de remuer quelques consciences. Peut-être est-ce ce que vous appeler mettre du désordre ? Moi je dirai plutôt ramener les décideurs à la raison.

 Il est vrai que les communautés mapuches reçoivent de l’argent de votre part? Financez-vous des projets des organisations mapuches? Qu’elle a été votre apport ?

DM : La Fondation a pour vocation de répondre aux appels des communautés qui dénoncent des injustices. Les Mapuches, à l’image d’autres peuples, se sont rapproché de nous pour demander notre appui pour obtenir plus d’équité dans leur défense. 

Heureusement, aujourd’hui, il existe au Chili des structures et des lois qui devraient permettre d’avancer positivement dans la résolution des conflits environnementaux et sociétaux. Les Mapuches doivent utiliser ces lois et les faire respecter. 

C’est ainsi que par le passé, nous avons contribué à financer des programmes de défense des droits du peuple mapuche en partenariat avec le Centre des droits de l’homme mapuche. Aujourd’hui, nous travaillons avec l’Observatoire Citoyen pour un plaidoyer international. Notre dernière action conjointe a été réalisée au mois d’août lors de la présentation du rapport parallèle de la société civile chilienne au Comité contre le racisme et la xénophobie des NU.

Que les votre opinion sur l’action du gouvernement et du peuple chilien vis-à-vis des mapuches ? 

DM : Je pense qu’un contentieux culturel reste profond, encore de nos jours. Comme dans tous les pays Sud Américains, un sentiment  pervers de culpabilité vis-à-vis de ces peuples autochtones pourchassés et massacrés par les « découvreurs des Amériques » et leurs héritiers, laissent des traces durables. Je crois qu’il est temps pour les Chiliens de s’analyser pour retrouver des relations humanistes avec leurs hôtes ancestraux.  Alors il en sera terminé avec les lois anti-terroristes et les conflits qui n’ont pas lieu d’être sur une terre dont tous ont l’usage. 

Appuyez-vous les manifestations radicales du peuple mapuche, les attaques à la propriété privé qui montre la presse ?

DM : Sachez que la Fondation France Libertés a pour principe de ne pas soutenir les luttes armées, pas plus que les actes de violence. Elle condamne toute forme de terrorisme, qu’elle soit d’Etat ou des populations. Dans le premier cas c’est un crime contre l’humanité, dans le second, résister  à la violence par la violence est une mauvaise stratégie.

Qu’elle est la solution pour vous pour finir avec le conflit qui existe?

DM : J’étais à la dernière session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, où j’ai entendu les dispositions de l’Etat chilien : Création de l’Institut des Droits de l’Homme pour répondre aux recommandations des « Principes de Paris », rédaction d’un « Plan National des Droits de l’Homme », approbation récente de la Convention 169 de l’OIT qui concerne les Peuples Indigènes, et  proposition de création du Ministère Indigène.

Ce sont de bonnes intentions qui pourraient répondre  en  partie aux attentes des peuples indigènes, et  nous apprécierons ces avancées. 

Nous, les associations de défense des Droits de l’Homme, proposons : d’en finir avec la criminalisation des demandes sociales des peuples indigènes. Des garanties par l’intermédiaire du Haut Commissariat des NU, sur un dialogue d’égal à égal en vue de résoudre les conflits.

Qu’elle est votre opinion sur la présidente Bachelet?

DM : Je me garde d’exprimer une opinion sur la personne que j’ai rencontrée à la Moneda mais que je ne connais pas. Je reconnais sa volonté de considérer cette situation. Or, ce sera le peuple chilien qui portera un jugement sur sa politique.


ARCHIVES : Pantuana TV, année 2008

 Images et son de Lionel Mesnard


Avez-vous un message pour le peuple chilien?
 
DM : Vous connaissez, sans doute, la campagne que mène le mouvement des « Porteurs d’Eau » pour la défense du statut de l’eau, comme bien commun du vivant. Je me suis rendue récemment au Chili pour porter ce message, jusque dans le bureau de madame Bachelet, à l’attention de tout le peuple chilien.

En tant que femme et leader d’opinion, qu’elle est votre rêve sur le futur ?

DM : En tant qu’altermondialiste, je rêve d’un monde humaniste dans un environnement respecté.

Sources : France-Libertés et Pantuana TV - Archives